La finale de la Coupe du Roi, sauf coup de tonnerre improbable, opposera le 19 avril 2014 à Madrid le Real Madrid de Carlo Ancelotti au FC Barcelona de Gerardo « Tata » Martino. Les deux favoris ont fait le ménage en demi-finales, s’imposant à domicile, respectivement contre l’Atletico Madrid (3-0) et contre le Real Sociedad (2-0). Une finale de la Coupe du Roi qui pourrait être la dernière pour le Barça, puisque la Catalogne va voter sur son indépendance le 9 novembre 2014, le jour de la fête mondiale de la lutte contre le racisme et le jour de la commémoration du 25ème anniversaire de la chute du Mur de Berlin.
Hier soir, au Camp Nou, le FC Barcelone, quoique dominateur – 82 % de possession de balle en première période – et finalement vainqueur, a été extraordinairement ennuyeux. Incapable d’invention. Mou dans son imagination. Des erreurs techniques à répétition. Et une victoire en plus née de la chance et, peut-être même, d’une erreur d’arbitrage (pénalty refusé au Mexicain Vela). Ce qui ne trompe pas les connaisseurs du foot est le fait que le meilleur joueur catalan fut hier … le gardien. Pinto a été magistral à deux occasions décisives permettant à ses camarades d’espérer encore.
La défense centrale, surtout Mascherano, semble abonnée au minimum syndical. Son attention a été prise en défaut à plusieurs reprises. Sa vélocité est sujette à caution. Et son manque d’inventivité et de prise de risque conduit à un jeu stéréotypé et sans création. Sur le côté droit, Alves et Sanchez sont si prévisibles dans leur évolution que plus personne ne croyait hier que le danger allait pouvoir surgir du côté droit. Et même l’association Xavi-Fabregas n’est pas celle que l’on pourrait attendre de l’une des meilleures paires européennes. L’absence de verticalité dans le jeu est souvent pesante. On s’interroge même : les joueurs sont-ils réellement disponibles les uns pour les autres ?
L’entraîneur « Tata » Martino a choisi dans la première partie du championnat de faire tourner l’équipe. Il a multiplié les changements, les compositions (associant même à plusieurs reprises au milieu du terrain Busquets et Song). Et aujourd’hui on dirait qu’il ne sait plus à quel saint se vouer. On peut lui reconnaître une circonstance atténuante, celle de l’absence pour blessure pendant six semaines du joyau brésilien Neymar, ce qui ne lui a pas facilité la tâche. De plus, Lionel Messi est attendu par les défenseurs au coin du bois. Chaque fois qu’il touche le ballon (de moins en moins) les défenseurs se réunissent en une sorte de carré autour de lui et réduisent immédiatement son champ d’action. On en vient à se demander s’il ne faudrait pas pousser l’Argention le long de la ligne de touche en position d’ailier pour pousser l’adversaire à moins d’organisation défensive axiale.
Les fans du Barça diront que dans une saison il y a toujours des points morts, des moments d’incertitude, des doutes. Mais les matches décisifs se rapprochent à grande vitesse, notamment les deux rencontres qui opposeront les Catalans à Manchester City. Et il faut être presque fou aujourd’hui pour penser que les Anglais ne seront pas les favoris dans ces deux matches de la plus grande incertitude.
Et puis le Barça a été aussi marqué cette saison par le départ précipité du président Rosell, son prédécesseur Laporta se pressant à nouveau au portillon. Cette zone de turbulence administrative n’est jamais très bonne, même au sein des plus grandes formations du continent.
On devine en filigrane qu’une époque se termine. On parle même du départ, après le championnat du monde, de Xavi Hernandez à New York ! Xavi, c’est le métronome de l’équipe, l’homme qui voit plus vite que son ombre, le magicien de la passe finale, celui qui éclaire le jeu quand tout est bouché. Et bien, aujourd’hui, Xavi, presque à l’exemple de Busquets, est laissé libre par l’adversaire qui se concentre sur les buteurs potentiels. Si le Barça veut toucher encore une fois au Graal peut-être faudra-t-il que la perle du club prenne lui-même plus de risques offensifs.
Le Barça n’est évidemment pas mort. Mais aujourd’hui, hier soir en tout cas, le Barça n’était plus le Barça.
Et ça, c’est pas rien dans le monde du football d’aujourd’hui.