Madame Evelyne Widmer-Schlumpf a le sourire : les conseillers aux Etats, tels de bons petits soldats patriotes et vertueux, vont approuver, la lippe pendante et pleins de savoureuse gouaille, le projet américain de régularisation fiscale des banques. Oh tout cela hier s’annonçait bien mal au petit matin. Des motions en voici, en voilà, qui devaient mettre chaosnotre ministre des finances. Et puis une porte qui se ferme, et notre brave financière de promettre qu’elle viendrait lundi en cachette du public et des citoyens remettre aux sénateurs les grandes lignes secrètes et victorieuses du programme américain de régularisation fiscale des banques. Youpie lui chantèrent ces chantres sénatoriaux de la Haute Chambre. Nous, on saura. Les citoyens nous font confiance et nous pourrons du haut de notre majestueuse grandeur les réconforter.
La partie est ainsi jouée : grogner, éructer, faire semblant d’être très en colère, mimer un très fort mécontentement, s’enfermer dans un studieux silence et revenir en deuxième semaine avec l’idée de sourire au bon peuple acquiesçant. Et Monsieur Ambuehl n’est pas même là pour simuler sa profonde joie d’être aux côtés de sa ministre préférée. Je vous le dis, un vrai western spaghettis. On en redemande.
Et vous en aurez pour votre argent (c’est le cas de le dire) dès ce lundi. Je dévoile le scénario concocté à Hollywood. Un message américain expliquant grossièrement le script de demain. Quelques chiffres grossièrement standardisés. Quelques menaces en forme de camemberts par la grâce de powerpoint. Et le tour est joué. Voilà des sénateurs qui quittent leur thinking room l’air grave et pesant (un professeur de théâtre est à disposition), accordent quelques interviews soigneusement distillées (la NZZ, c’est mieux que L’1dex) et le message est passé : nous ne sommes pas satisfaits, mais notre devoir était de sauver le pays (synonyme : la place financière zürichoise et bâloise).
Comment oser alors critiquer de si honorables patriotes ? Mes lecteurs auront compris qu’en ces temps de prétendue transparence il faut être redoutablement sournois pour oser une pareille opacité dans l’obscurité la plus absolue.
Et je le parie à mille contre un : on osera se féliciter du triomphe de la démocratie made in Switzerland.
Quel respect des institutions, j’en suis encore tout baba.
Post Scriptum : je n’ai volontairement pas corrigé ce magnifique lapsus, KO ayant donc cédé sa place à CHAOS. Je remercie ici publiquement mon inconscient.