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Vincent Fragnière, le rédacteur en chef du Nouvelliste, le quotidien le plus lu du canton d’origine de Sepp Blatter (100'000 lecteurs), prend la défense directe de Michel Platini en arguant que le président de la FIFA voulait sa peau et a été à l’origine de la mort footballistique du Français. Cette thèse est celle qui a immédiatement surgi lors de l’éclatement de l’affaire; elle est fondée sur l’animosité entre l’ancienne star de la Juve et le Viégeois. Est-elle vraie ? J’en doute.
La véracité de cette hypothèse repose d’abord sur la capacité d’autoflagellation du dénonciateur. En agissant contre Michel Platini, Sepp Blatter savait aller lui-même devant des ennuis procéduraux en cascade : serait-ce le désir d’un homme qui a côtoyé le sommet de l’Olympe que d’achever sa destinée terrestre dans une geôle, même helvétique, pour punir le fils prodigue qui lui avait demandé un peu brusquement de quitter une fonction qu’il avait trop prisée ? Je n’y crois pas une seule seconde.
La thèse des “amis” de Platoche bute sur un autre fait dont l’écho a été diffusé par la presse internationale : l’opération “incestueuse” intervenue entre Blatter et Platini a été découverte grâce à l’utilisation d’un logiciel informatique qui avait la faculté de dénicher les opérations financières insolites à l’intérieur de la comptabilité de l’organisation.
Nous savons aussi que la parole de Blatter est sujette à caution. Mais cet homme a toujours dit après l’éclatement de l’affaire que Michel Platini était un honnête homme. Pourquoi ce désir de louer son ennemi ? Pour se défendre lui-même ? Mais alors pourquoi l’avoir dénoncé ? Cela n’a aucun sens.
S’il fallait trouver quelque logique dans ce versement accepté simultanément par Blatter le donateur et Platini le bénéficiaire, je la décèlerais dans un accord passé entre les deux hommes à teneur duquel le Français renonçait à affronter le Suisse il y a plus de quatre ans pour la présidence de la FIFA moyennant une agréable contribution. Pris la main dans la poche, les deux compères ont imaginé l’existence d’un contrat de travail vieux de dix ans et pour lequel Platini aurait “oublié” de réclamer son dû et aurait “omis” d’exiger un contrat conclu en la forme écrite ? Sur mon front n’est pas écrit le mot crétin.
La France sportive, de Giresse à L’Équipe, du président de la Ligue à Domenech, peut hurler au complot et à la mascarade procédurale, ils sont aujourd’hui tous confrontés à une réalité qu’ils ne peuvent affronter qu’en faisant acte de déni devant cette triste réalité : Michel Platini a conclu un pacte diabolique avec Sepp Blatter qui a été révélé par une enquête portant sur la corruption à grande échelle pratiquée à l’intérieur de la FIFA.
Michel Platini et Sepp Blatter ne sont pas des saints, peu s'en faut.