Joseph Blatter a traversé ces quarante ans passés à l’intérieur de la FIFA avec un leitmotiv prépondérant : « je défends les valeurs universelles du football, je suis le défenseur de l’image du football à travers le monde, je suis celui qui de ma vie s’il le faut m’opposerai à ceux qui voudraient pourrir ce sport que par dessus tout je chéris. »
Le fric, nous le savons tous, de Douala à Martigny, de Sydney à Londres, de Turin à Paris, de Marseille à Lisbonne, de Manchester à Madrid, a pourri les valeurs de ce sport. Pourtant, ce n’est précisément peut-être pas le point essentiel de ce billet. Car cette pourriture est aussi inscrite dans d’autres champs de la vie humaine, ici et ailleurs, pensons simplement à la désintégration de la santé qui survint à l’Hôpital du Valais ou à cette justice moribonde de chez nous que tant de monde préfère ne pas analyser de crainte de devoir admirer un marécage d’immondices.
Non, ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est la seule position dans laquelle se vautre Joseph Sepp Blatter. Voilà donc un homme qui tout au long de sa carrière s’est présenté au monde comme le garant des règles du jeu et des valeurs universelles du football. Il a été élu dans ce but, dit-il; aujourd’hui encore, affirme-t-il, il est l’homme qui peut empêcher la FIFA de sombrer dans le vice, qui peut réformer cette organisation et l’inciter à une autre éthique.
Mieux que personne Sepp Blatter, le Valaisan de notre coin de terre, sait que l’image et le rêve sont les piliers de la conduite des masses. Or cet homme, dans un magistral et divin acte de déni total de la réalité, refuse de considérer qu'il est devenu lui-même, et peu importe à ce stade que l’argument soit ou non fondé sur la réalité ou résultât d’une construction de ses ennemis, l’image parfaite de la corruption, de la tricherie, de la manipulation, du fric sale et puant, de la merde à l’odeur la plus infecte.
De deux choses l’une alors.
Soit l’homme n’est pas bête, sait qu’il n’est plus le sauveur de la planète foot de par le seul poids de l’image exécrable qu'il véhicule, et alors chacun pourra se faire une idée de l’essence de son désir de rester en place qu’il affiche quant à l’homme qu’il fut réellement.
Soit l’homme est réellement habité par l’irréalité et l’imaginaire le plus incompréhensible, et alors il est confronté à une abyssale aliénation qui ne peut que susciter chez chacun un torrent de compassion ou de pitié.
Comment départager ces deux thèses ? En fait, selon moi, c’est assez facile. Pour le faire, je suggère de prendre pour juge et arbitre unique sa propre fille Corinne qui seule aura la réponse : au moment pas forcément lointain où Joseph Sepp Blatter deviendra un de cujus ordinaire, il suffira de savoir dans le détail le poids de sa fortune : si les économies accumulées qui feront de sa fille une riche héritière correspondront à un montant en corrélation avec un revenu d’une fédération sportive sans but lucratif, le monde entier connaîtra l’intégrité (au sens de l’acception du mot donné à L’1Dex par Anne Darbellay) de Monsieur Blatter; un excès de richesse dira au contraire à quel point le pouvoir a pu corrompre même un papa et un petit gars de chez nous qui aurait aimé être un avant-centre de renom.
La FIFA, elle, est si décrépie que les amoureux du foot se prêtent à penser qu’il conviendrait d’en confier la gestion à une nouvelle ONG dont les commandes seraient à confier à tous ceux qui jamais à ce jour n’ont été les vassaux de cette mafia (ce qui exclut quelques Valaisans). Et les recettes insolentes pourraient être affectés non pas aux fédérations nationales sportives, mais par exemple à la lutte contre la faim dans le monde.
Imaginez la réaction de l’ASF (Association Suisse de Football) ou de la FFF (Fédération Française de Football) si ma proposition était suivie de quelque effet ! Car leurs dirigeants savent parfaitement que seule un semblant de maîtrise des flux financiers est à même de réformer en profondeur ce football que dit tant aimer Monsieur Joseph Sepp Blatter.
Bonjour à tous les arrières gauche du Valais et du Périgord.