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Billet de blog 15 août 2014

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

(Par ANNE ERARD BONVIN)

Août 2014… Barack file à son tour bombarder l’Irak. Pendant ce temps personne ne sait quoi faire de la Syrie, du conflit israélo-palestinien, de l’Afghanistan, et j’en oublie. Quant à la Lybie… Kadhafi fut un drôle d’alibi… c’est la gabegie. Aussi.

Je me souviens d’un pas si lointain 11 septembre 2001. Des attentats spectaculaires qui nous ont tous scotchés sur nos canapés confortables des heures durant. Une courte confusion, et le jour-même déjà, un coupable désigné. Et quelques jours plus tard, une intervention en Afghanistan, légitimable au niveau humanitaire, mais surtout à l’avantage de la famille Bush et de ses pipelines.

Depuis 2001, tout est permis au nom de la lutte contre le terrorisme, avec de ci de là l’alibi de la sauvegarde de populations opprimées. Depuis la chute des tours new-yorkaises, nous assistons à une réaction en chaîne au Moyen-Orient. Mais qui a compris les rudiments du nucléaire sait qu’une réaction en chaîne est dangereuse si elle n’est pas contrôlée.

Ainsi donc on a été renverser Saddam, tout casser pour quitter un pays instable où désormais on parle de génocide à l’endroit des chrétiens locaux. Tout ça pour neutraliser des armes de destruction massive imaginaires. On a été occuper l’Afghanistan, et on en est parti piteusement – les talibans, eux, sont toujours là. Quant à la Lybie, certes on lui a flingué Kadhafi, mais qu’en reste-t-il ? Un pays en guerre civile. Bravo. Dans toute la région, les gouvernements laïcs ou neutres disparaissent au profit de différentes puissances très connotées religieusement dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles ne font pas dans la dentelle. Mieux vaut être un homme du bon camp et de la bonne religion dans ces régions-là.

Alors, que fabriquent les occidentaux quand ils partent jouer les justiciers ? Ont-ils pour but de sauver les peuples de dictatures qui les oppressent, ou leur pétrole, ou de déstabiliser sur le long terme les régions concernées, au bénéfice de leur propre porte-monnaie ? De leur amener une démocratie préfabriquée ? Privilégient-ils des régimes islamistes, peu compétitifs économiquement ? Au bénéfice de qui ?

Ils ne contrôlent plus rien. Hillary Clinton vient de le dire,  « Les grandes nations ont besoin de principes directeurs, et ‘ne pas faire de choses idiotes’ n’est pas un principe directeur ». Désormais, il ne reste plus qu’à tenter de limiter la casse. S’il est encore possible de se donner bonne conscience.

On ne devrait pas intervenir et tout mettre à sac quand on n’a pas les moyens d’assumer jusqu’au bout. On devrait réfléchir aux risques pour la population de se retrouver dans une situation pire que celle d’avant le conflit. Mais ça, ça serait dans un monde idéal où l’humain primerait.

En 2011, Jacques Verges donne une interview à voltairenet à propos de la Syrie. D’intéressants propos traitant de la déstabilisation extérieure de la Syrie avec les résultats que nous connaissons. Son opinion d’alors : laisser la Syrie telle qu’elle était, malgré ses problèmes sociaux, plutôt que de jeter de l’huile sur le feu. Suivent des considérations sur les véritables motivations de la France et de quelques autres dans le printemps arabe, ainsi qu’une révolution peut-être artificielle en Lybie. Il est question de l’improvisation, de l’amateurisme de l’action occidentale en Lybie, en Syrie et en Irak offrant le pouvoir à des régimes ne servant de loin pas leurs intérêts ni ceux des populations civiles parce que l’Occident est malade, économiquement, politiquement et surtout moralement. Pour garder un semblant de légitimité morale et politique, et donc un leadership mondial, on se fabrique donc un ennemi qui fasse oublier aux opinions ce qui se passe à la maison. En pratiquant en permanence le « deux poids, deux mesures » au gré de ses alliances.

Gouverner c’est prévoir, être actif au lieu de réactif et réfléchir sur le long terme. Si nous ne payons pas nos factures, si nos enfants ne font pas leurs devoirs, il y a des conséquences. Tandis que les états peuvent se permettre d’agir sans règles et sans envisager de suites. A tous les échelons du pouvoir, avec une certaine naïveté à moins qu’il ne s’agisse de l’arrogance de ceux qui se pensent au-dessus de tout – et de tous. Comment leur faire confiance ?

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