La FINMA, c’est une sorte de gendarmette de la finance bancaire. Des gens, bien ou mal formés c’est pas vraiment important ici, qui doivent porter leurs yeux perçants sur les dysfonctionnements de tous ces chapeaux melons gomminés qui forment l’establishment bancaire made in Switzerland. Certains vous convaincront que ces policiers des banques peuvent être de vrais méchants et savent quand il le faut donner du fouet à ceux qui le méritent. On pourra me fournir maints exemples où sans la FINMA la voyoucratie technique ou matérielle eût conduit à des extrémités encore plus fâcheuses.
Que ceux qui voudraient me convaincre de la qualité de cette organisation ne perdent pas leur temps et qu’ils aillent vendre leur camelote vers d’autres oreilles plus affectueuses qui les écouteront peut-être avec plus de considération. Je fais partie de ceux qui, en Valais, ont eu le privilège scandaleux de pénétrer à l’intérieur des dossiers de l’affaire Jean Dorsaz, puis plus tard de la CRPE. Je sais de certitude absolue que dans l’un et l’autre cas, à l’intérieur de la structure bancaire, on a su sciemment et volontairement fermer les écoutilles pour ne pas avoir à trop vomir sur la place publique sans que les faux gendarmes de la CFB et de la FINMA ne se soient réellement souciés plus que de raison de toutes ces péripéties si ordinaires pour l’employé de banque. J’ai parlé avec trop de réviseurs, externes ou internes, j’ai rencontré trop d’employés de banques, j’ai partagé mes pensées avec trop de fiduciaires pour ne pas savoir que ces moments d’égarements ne sont pas seulement valaisans. Nos amis genevois, vaudois, zürichois, bâlois, d’autres encore, ne voudront pas venir nous donner la leçon, leur fumassière étant encore toute crasseuse et infectée.
Et puis peut-être certains se diront que la FINMA, c’est au moins un bon flic pour les « too big to fail » (UBS, CS). A ceux-là, je leur répondrai ainsi : l’une des tâches de la FINMA – que les experts de la place financière n’hésitent pas à venir me porter la contradiction à L’1dex même, leurs propos ne seront ni limités, ni censurés – est de vérifier la bonne mise en application des conventions successives de diligence applicables aux banques (plus exactement dit, elle doit s’assurer de la conformité du « design » de la chose : les normes internes prévues, l’estimation de la qualité des règles intérieures, l’évaluation des pratiques : que de charmantes intentions dans l’enfer des bonus à acquérir envers et contre tout !). Et, dans le chapitre précédent de mon feuilleton sur la Lex USA, on a pu voir, textes à l’appui, avec quel soin les banques devaient s’appliquer à ne pas contribuer aux soustractions fiscales, ni à aggraver la fuite illicite des capitaux.
Et c’est aujourd’hui devant le Parlement fédéral, devant ses deux commissions de l’économie, que ces braves zouaves viennent défendre leurs gâteaux si bien « inpartagés ».
Convaincu, je le dis très tranquillement : ce qu’il faut aujourd’hui, c’est un renforcement violent du Ministère de la Confédération en matière économique et que le Conseil fédéral lui donne la mission d’épurer un peu ces zones tchernobylisées. Il y aura quelques volontaires courageux.
Il en va de la santé éthique de notre pays. Peut-être du monde, qui sait.
Post Scriptum I : il y a pas de mal de grands idéalistes qui songent à renforcer l’efficacité de la FINMA et à assurer une meilleure indépendance des auditeurs prudentiels lors de leurs audits (révisions). Oh dites ! « Auditeurs prudentiels », quelle sainte bénédiction en mots pour s’agenouiller devant les gros caïds du fric dissolu.
Post Scriptum II : brève explication du dessin : « too big to fail » correspond à quelque chose comme ça « trop grande pour chuter » (faire faillite); « too big to jail », c’est « trop gros pour faire de la prison »; le caricaturiste a donc jouer avec les mots « fail » et « jail ».