Le Grand Parrain de notre patrimoine national (au fait, est-il exact que 20 % du capital de UBS AG est en mains arabes et 30 % sous le contrôle des fonds de pensions américains ?!) s’est agenouillée, a demandé pardon et a versé la somme honorable de 780’000’000 € au fisc des USA. Après avoir, genoux encore en sang, commis un acte de contrition (trois « Je vous salue » et « deux Notre-Père »), puis versé l’obole, les braves gourous de l’UBS ont fait déguerpir de leurs îlôts bancaires helvétiques ces damnés américains de la défiscalisation mafieuse. Tous ces braves soldats de l’étranger ont été sommés d’aller voir ailleurs. Déconfits, mais toujours riches, les déserteurs de cette guerre économique interplanétaire n’allaient pas pouvoir rentrer au bercail : imaginez l’accueil qui leur aurait été fait chez Goldman Sachs, ces héraults de l’éthique fantastique ! Oh non, il fallait trouver une parade qui leur permettrait de ne pas alimenter les grosses caisses des Etats confédérés d’Amérique. On imagine sans peine les discussions dans les salons feutrés de la Banhofstrasse ou sur les bancs publics du Parc des Bastions : « nous nous sommes aimés pendant tant d’années. Que nous conseillez-vous de faire ? » Aucun banquier n’aura résister à ne pas donner de conseils : « Essayez donc nos doux voisins privés ou ceux d’une banque cantonale. Et puis évitez de conserver les mêmes coordonnées bancaires, ça vous aidera dans quelques années, ne sait-on jamais … ».
Et voilà toutes nos ouailles moutonnières se lancer à la recherche d’un lieu de droit d’asile bancaire. On imagine sans peine des confections de faux papiers, des naturalisations facilitées, des transferts de nationalités, des changements de devises, des divisions de comptes à fin de répartition des risques, de la cosmétique comptable et de la manipulation de contrats de fiducie. Toute une palette de services rendus par des orfèvres pour de très bons amis.
Alors voyez-vous très chers parlementaires, Mesdames et Messieurs les Conseillers fédéraux, très chers banquiers privés, vous tous chers communiants, vous mes Amis de L’1dex, vous tous qui encore me lisez, je serais prêt à convaincre Oskar Freysinger ou Stéphane Rossini, la gauche et la droite réunies, à voter en faveur de cette loi scélérate. Mais à une seule condition : que l’UBS prenne l’engagement de s’acquitter de la moitié de l’amende annoncée (5 à 10 milliards de francs).
Qui pourrait ne pas applaudir à cet acte de solidarité confédérale, sachant que la moitié sera payée par nos alliés les plus méritants, les Etats-Unis d’Amérique et les Etats arabes réunis ?
L’UBS méritera alors notre éternelle reconnaissance et nous lui accorderons ce droit à s’appeler à jamais « Union des Banques de la Suisse ».