Si Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, le dit et si Le Monde (du mercredi 17 juillet 2013, p. 17) l’écrit, ce doit être vrai : « On n’est pas un repaire de voyous ».
Mais qu’est-ce donc qu’un voyou ? « Un individu peu scrupuleux, qui ne respecte pas les lois ». Les synonymes sont nombreux : aigrefin, bandit, canaille, chenapan, crapule, frappe, galapiat, garnement, gouape, gredin, terreur, truand.
Se plonger dans le peloton du Tour de France ne permettra donc pas à quiconque de mieux comprendre le monde des truands, des bandits, des canailles, des crapules et des délinquants.
En revanche, à comprendre le député souverainiste Dupont-Aignan, il suffit de se rendre en Suisse pour saisir les subtilités du fonctionnement d’un Etat voyou.
Le cycliste du Tour de France est à l’image du trader de Goldman Sachs et du golden boy de l’UBS, un honnête homme, franc, travailleur, tenace et intelligent.
Le Suisse, lui, banquier ou magistrat, est une canaille, une crapule et un truand. L’objet de ses infractions est l’argent de France et le secret bancaire.
Le monde devient simple. A Genève et à Zürich se trouve le repaire des voyous, au pied du Mont-Ventoux ou à L’Alpe d’Huez les vrais héros de la pédale douce et efficace.
Le champion Christopher Froome est un exemple de vertu, le Procureur général de la Confédération helvétique un truand européen de la pire espèce. Let us sing in the rain.
Entre Saint-Estève et le Châlet Reynard, Froome a été flashé à 418 watts, soit 4 watts de plus que Armstrong et Pantani. En Suisse, à l’UBS, on a chanté les vertus des produits indexés au taux du libor et engrangé des centaines de millions à la petite cuillère. Froome carbure par la grâce d’un entraînement de haute vertu, l’UBS réalise des bénéfices mirobolants par celle de la qualité de ses hommes bardés de diplômes des plus hautes écoles commerciales du monde.
En Suisse et en France, on prend les supporters, les lecteurs, les clients et les mandants comme de bienheureux crétins. Prudhomme voit « des millions de personnes heureuses d’être là » et les banques suisses se réjouissent de la confiance de leurs millions de clients.
Les crapules, les canailles, les truands ont disparu. Ils trichent hors du Tour de France et hors du territoire suisse. Ils ont tous avoué leurs péchés, leurs indélicatesses et leurs légers manquements. Promis, juré, ils ne récidiveront plus.
Il en va de l’avenir du Tour de France et de l’histoire de la Suisse.
Le futur appartient à l’homme prude.