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Billet de blog 19 mai 2014

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"Je n'attaque pas la saleté, je la vomis"

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un grand vin, on le découvre très souvent par le hasard d’une rencontre, par l’indication donnée par un prescripteur que l’on apprécie, par le sourire engageant d’un sommelier qui nous fait comprendre qu’on ne le regrettera pas. Certains vins, on refuse même d’y tremper les lèvres par le dégoût du nom, par le renvoi de la bouteille à un souvenir désagréable ou par l’écoeurement de l’instant où notre palais a cru vomir en tentant une aventure gustative qui se révéla funeste.

A bien y réfléchir, pour les films, c’est la même chose. A la vue de la première image des « Enfants du Paradis », j’ai cru que mon professeur de philosophie m’avait conseillé un navet; ce fut un chef-d’oeuvre. J’hésitai à regarder « Le Prénom », ce furent des instants de pur plaisir.

Vous me direz que les vins imbus ou les films invus, je ne peux rien en dire puisque je ne les ai ni bus, ni vus. Certes. Il y a pourtant des vins que l’on ne regrette pas de ne pas connaître, et des films que l’on refusera à jamais de regarder.

Abel Ferrara n’est pas Dominique Giroud et DSK n’est pas de Saint-Saphorin. Pourtant l’association est chez moi d’évidence. Non pas que j’associe le Novotel au Château Constellation ni Dominique G. à Dominique S.-K., mais parce que je relie Anne Sinclair à la Mouline de Guigal. Puisque j’ai aimé le parfum viticole d’Ampuis, je vais me convaincre à l’extrême inverse du conseil de Anne Sinclair : je n’irai pas voir le DSK de Ferrara, et peut-être goûtera-t-elle le vin d’Ampuis.

« Je n’attaque pas la saleté, je la vomis », a-t-elle écrit. Et Anne Sinclair, le disant, savait peut-être qu’elle devenait ainsi l’espace d’un article prescriptrice négative de cinéma. Et moi, l’écrivant, je pressens que d’aucuns goûteront, s’ils en ont un jour l’opportunité, avec davantage de désir un Guigal à un Giroud.

Post Scriptum I : je le dis à mes amis français, en Valais aussi il y a de grands vins, aussi grands que ceux d’Ampuis (que mes amis valaisans ne s’y méprennent pas, l’association est tout à leur honneur).

Post Scriptum II : « Je n’attaque pas la saleté, je la vomis ». Une parfaite dédicace pour – dans la dignité – dire son fait à l’immonde d’une histoire issue d’une chambre d’hôtel qui peut s’achever par ces mots définitifs et sans pardon.

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