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Billet de blog 19 octobre 2013

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Fisc versus Monaco & PSG

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le gouvernement de la France qui gagne a donc convaincu le Parlement, ou l’inverse, de taxer à 75 % les revenus supérieurs à un million d’euros, avec un plafonnement pour les entreprises indemnisant trop généreusement ses travailleurs. Le Paris-St-Germain des Qatari appartient à cette catégorie.

Les clubs de foot ne sont pas contents. Ils veulent des amendements les protégeant. Il en irait de leur survie, de la joie de jouer des stars (Ibrahimovic, Cavani, Maxwell, Motta, Diago Silva, …), du plaisir du public et de l’égalité sportive. Le football serait en péril si cette taxe n’était pas supprimée ou allégée. Les mêmes qui désirent une suppression de cet impôt en France veulent « taxer » les riches monégasques de crainte que les faveurs accordées par la Principauté aux riches réfugiés économiques que peuvent être Abidal ou Falcao ne faussent les résultats sportifs.

Dans le cas de la taxe de 75 %, si l’on prend comme critère de référence l’équité sportive, on doit admettre que cette imposition a non seulement le mérite d’améliorer la situation des finances publiques, mais également celle d’équilibrer les chances sportives (oh je vous l’accorde, un tout petit peu seulement !).

On voudrait, à entendre certains sportifs, éviter que les footballeurs, les très riches du PSG notamment, ne paient cet impôt confiscatoire. Cet argument est d’une rare curiosité. Comment, avec un esprit sain - pouvoir croire qu’il serait rationnel ou juste qu’un travailleur utilisant sa tête soit taxé à 75 % et un autre employant ses pieds et ses jambes,  accessoirement aussi son front, soit défiscalisé par la grâce d’amendements les protégeant ?

De même, seules les urnes et la loi disent quelle politique fiscale sera appliquée lors d’une période législative. Pour quelle raison sérieuse voudrait-on que la loi ne s’applique pas pour une catégorie de citoyens et s’applique pour une autre ? L’égalité devant l’impôt est l’une des clefs essentielles du fonctionnement des démocraties occidentales, on ne voudrait donc pas sérieusement remettre en cause un tel principe pour plaire à quelques mercenaires du ballon rond dont les revenus, au-delà de toute décence, assumés d’ailleurs presque exclusivement par l’oligarchie financière internationale, seraient épargnés pour permettre une sorte de respect de l’égalisation des chances au niveau international.

Si les acteurs du foot français avaient à coeur une égalisation des chances sportives, peut- être devraient-ils alors privilégier une concertation européenne visant à une égalité des impositions dans toute l’Europe. Ces dirigeants se fonderaient ainsi sur la notoriété de leur sport pour faire acte citoyen au sein de l’agora. Mais la vérité est bien moins noble : seuls sont à préserver pour ces gens-là leur petite chapelle, leurs grands privilèges et leur immense pécule. Pour le reste que vogue la galère de ces plébéiens sans le sou que sont hooligan

Dans le même temps où l’on prêche pour sa paroisse financière, on évite de rappeler les engagements financiers inter-sidéraux des collectivités publiques pour le football. Que l’on pense ici simplement à la construction des stades évoluent ces vedettes que charitablement l’on voudrait défiscaliser. Que voilà un sens de la compassion hautement remarquable.

Plus encore : le monde du football non seulement fait semblant de crier famine mais oublie de rappeler le statut fiscal extraordinaire obtenu en Suisse par la FIFA. Que l’on voudrait ici voir le président de la Fédération Francaise de Football s’indigner devant cet état de fait scandaleux. Mais les dirigeants du football savent trop bien que la loi du silence qui règne dans ce milieu ne saurait tolérer que de généreux inconscients ne viennent gratter sur des plates-bandes si jûteuses. On s’écrie alors : la FIFA a son siège qui est en Suisse et est libre de respecter la loi suisse, qui est ignorée. Se moquer des simples contribuables à ce point mérite un oscar de la roublardise en faveur de tois ceux qui s’indignent que l’on puisse faire payer un impôt à ces idoles du ballon rond. On voit d’ici Sepp Blatter s’agiter sur son trône avec un contement de soi qui devrait inquiéter celui qui réfléchit.

L’ouverture d’une autre bouffonnerie assumée serait de créer un FC Fisc financé par les seuls contribuables sportifs et autoriser cette nouvelle formation de rivaliser d’ingéniosité tactique en participant au championnat de Ligue 1 : des fonctionnaires catholiques-romains  du foot tenteraient alors de battre Monaco, la Russe orthodoxe, ou le PSG arabe et musulmane en jouant des coudes dans la surface de réparation.

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