Grégory Logean n’a peut-être pas lu à Hérémence Le Monde du 20 août 2013. Eût-il pu dans ce soin de terre des Alpes valaisannes parcourir ce quotidien parisien qu’un tremblement de terre intime eût pu le conduire à demander rapidement à Vladimir Poutine l’asile politique.
A six mois des Jeux Olympiques de Scotchi, l’ambiance homophobe règnant en Russie laisse penser aux froids hivernaux qui agitent les glaces de la Grande Dixence.
Voyons donc où vogue la terre de Dostoïevski et de Tosltoï si proche de l’intime politique de ce conseiller national en attente de la démission de son chef charismatique Oskar Freysinger.
Dmitri Kiselev, journaliste vedette de la Première chaîne, nous dit Le Monde, « a galvanisé les esprits en expliquant qu’il fallait «enterrer ou brûler les coeurs des homosexuels décédés » puisqu’ils sont incapables de transmettre la vie. La députée de la Douma Elena Mizoulina a pour sa part enjoint aux services sociaux de confisquer les enfants élevés par des couples de même sexe ».
« Selon un récent sondage de l’institut Vtsiom, 88% des Russes soutiennent l’interdiction de la «propagande » homosexuelle, et 54% estiment qu’il faut punir l’homosexualité. »
« La reine du saut à la perche, la Russe Yelena Isinbayeva, 31 ans, a cru bon de lancer un avertissement aux athlètes appelés à participer aux Jeux olympiques de 2014 à Sotchi, les invitant à se plier à la nouvelle loi russe sur la criminalisation de la «propagande homosexuelle », promulguée en juin par Vladimir Poutine. «Si nous permettons à cette culture de prospérer chez nous et que tous font cela dans la rue, ça sera terrible pour notre pays. Nous nous considérons comme des gens normaux, conformes aux standards. Chez nous, les hommes vivent avec les femmes, et les femmes avec les hommes, c’est historique. En Russie, nous n’avons jamais eu ce genre de problèmes et nous n’en voulons pas à l’avenir. Sans doute sommes-nous différents des Européens et des autres peuples mais il faut nous respecter. Après tout, quand nous nous rendons à l’étranger, nous tâchons de respecter les règles des pays hôtes».

Les Russes Kseniya Ryzhova et Tatiana Firova sur le podium, à Moscou, ce samedi 17 août, se sont – elles - embrassées sur les lèvres. Sans le savoir, elles nous ont ramenés vers John Carlos et Tommie Smith, au temps des « Black Panther ». On n’est pas certain que la ferveur de ce baiser soit à la hauteur politique des poings levés des deux héros américains en ce temps de jadis où Barack Obama était encore un petit enfant. Il est un peu, et il le sait, le fils prodigue de John Carlos et de Tommie Smith.
Et la mascarade ordinaire de surgir du cœur des hommes : les athlètes ne veulent pas même songer au boycott des jeux; d’autres invoquent les Jeux de Moscou de 1980 et l’Afghanistan pour promouvoir une action politique de même style; certains sont convaincus que le combat pour le respect de l’homosexualité passe par des actions à Scotchi, à la face du monde et à celle de la Russie homophobe.
La Suisse, elle, à l’exemple de ce qu’elle est, suivra, en mouton fidèle, ses compagnons occidentaux. Elle ne voudra pas faire de la peine à Vladimir Poutine. Quelques mots pour rassurer, quelques phrases pour paraître appropriée, quelques points de suspension pour marquer une désapprobation légère, un baiser soviétique de Burkhalter à Valdimir pour renouer avec les affaires et un point final pour remercier la Russie d’accueillir avec tant de bienveillance les sportifs du monde entier.
Mais sait-on jamais, un chef de la délégation helvétique aux Jeux Olympiques de Scotchi, rebelle et idéaliste, voudra-t-il peut-être ordonner à un couturier soigneusement choisi d’habiller les athlètes, mâles et femelles, à la mode d’une vraie Gay Pride. En l’honneur de notre frère à tous, ce sportif homosexuel de haut niveau, blanc de peau, qui, le poing levé, embrassera à pleine bouche son rival à la peau noire et aux larmes ruisselant sur un visage de vainqueur.
Post Scriptum I : une certitude : Grégory Logean ne sera pas le porte-drapeau de la Suisse à Scotchi. Et c’est tant mieux.
Post Scriptum II : quelques lecteurs de l’étranger s’interrogeront : « mais qui est donc Grégory Logean ? ». Je leur offre cette référence en forme de résumé : http://www.20min.ch/ro/news/romandie/story/24882505.