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Billet de blog 21 octobre 2013

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Défense de Patrice Evra

Ayant avant d’autres brocardé en son temps Patrice Evra, connaissant un brin le monde du ballon rond, maîtrisant la langue française aussi bien que la plupart des chroniqueurs, aimant le football autant que ce petit monde de privilégiés susceptibles, je me sens assez libre pour défendre le petit arrière gauche de Manchester United.

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Ayant avant d’autres brocardé en son temps Patrice Evra, connaissant un brin le monde du ballon rond, maîtrisant la langue française aussi bien que la plupart des chroniqueurs, aimant le football autant que ce petit monde de privilégiés susceptibles, je me sens assez libre pour défendre le petit arrière gauche de Manchester United.

Les bien-pensants et les jaloux de tous bords diront que la prudence eût pu conduire Patrice Evra à plus de mensonges et d’hypocrisies pour éviter une convocation désagréable à la FFF. Mais la question n’est pas celle-là. Elle est aussi celle de la liberté d’expression d’un footballeur, de la liberté d’opinion d’un travailleur même fortement rémunéré, de la lutte contre les discours convenus et hypocrites, de la volonté d’accepter la vérité des faits.

Que Patrice Evra ait eu le malheur d’être le capitaine de l’inadmissible, je ne le nie pas. Mais que tous ces critiques d’aujourd’hui se rappellent leurs propres mots d’hier sur cette équipe et son entraîneur et fasse un tout petit peu voeu de retenue et de pondération. Car l’histoire d’Evra est un peu la leur, soit celle d’un pays du foot qui avait perdu toute boussole depuis pas mal de temps. Et la presse n’avait que peu aider à la reconstruction.

Le béatifié du foot français, Zidane le Glorieux, avait lui aussi pété les plombs avant de devenir champion du monde en cramponnant un adversaire et en voyant rouge. Et l’arme qu’il avait alors choisie contre son adversaire était plus dangereuse que ces mots au vitriol, avec le sens de la formule, choisis par l’ancien capitaine de l’équipe de France.

Et puis, s’agissant de vérité, la question posée à Lisarazu, le constant et acerbe  critique consternant du Barca et l’implacable critique de tous les arrière-gauche de la planète foot, est simple : Evra dit-il vrai lorsqu’il soutient le peu de joie qui fut la sienne lorsqu’un petit jeune vint le déjouer en équipe de France et qu’il ne sut pas l’accueillir avec la sérénité de l’ancien acceptant de céder sa place à meilleur que lui ? On ne peut alors avec une formule à l’emporte-pièces répondre en évitant la critique précise de Monsieur Evra et renvoyer celui-ci à son insondable vacuité comme si l’on possédait la divine connaissance de l’absolu.

De même, Luis Fernandez n’a pas été critiqué dans sa carrière de footballeur, mais dans un moment de sa carrière d’entraîneur au PSG où son emprise sur le groupe ne fut pas à la hauteur de ses propres ambitions. Patrice Evra a su piquer où ça ne fait pas du bien. Ce peut être de bonne guerre. Et redoutablement irritant, telle une chute dans les orties et blessure au genou au moment où on aurait tant voulu commencer une partie de foot avec ses petits camarades.

De même lorsque Evra défie Pierre Ménès ballon aux pieds, il se met les rieurs de son côté et parvient même à ébranler avec des mots, et non avec les poings, le roc journalistique de Canal. Ce n’est pas banal et le chroniqueur devrait apprécier le coup de gueule lui qui a su si bien avec sa langue fleurie assassiner pas mal mal de monde. Evra ose ne pas se défiler et ce n’est pas mince. S’il était beau joueur, Ménès l’avouerait sans vouloir une fois de plus ridiculiser sieur Evra ou un autre écorché dans le seul souci du maintien d’un doux pécule affecté à sa culture sportive et délivré par des employeurs avides de publicité.

Quant à Courbis, à la gouaille amicale et à la faconde du midi et d’ailleurs, on n’ose pas imaginer une seconde qu’il veuille donner des leçons de moralité, de civilité ou de comportement à Patrice Evra. Parfois l’hôpital ne doit pas se foutre de la charité. Et par charité amicale toute autre démonstration peut être tue, cette justice des hommes ne méritant pas qu’un vrai passionné de foot soit encore éclaboussé par d’inamicaux propos.

Deschamps lui invoque un dérapage. Il feint simplement d’être en accord avec des journalistes à qui il ne veut pas déplaire. Mais, en joueur teigneux qu’il était, il sait parfaitement que Patrice Evra n’a pas dérapé mais a su placer un tacle appuyé dans le strict cadre des règles du jeu à des adversaires qui ne lui ont jamais voulu du bien.

Que tous ces braves privilégiés, ces heureux riches du ballon rond, ces mecs au parler acerbe, vif, amer ou donneur de leçons se souviennent qu’il n’est pas toujours très chrétien d’utiliser la notoriété d’un moment sur le dos d’un plus jeune que soi.

Et je ne m’en vais pas conclure sur le ridicule de cette convocation du joueur au siège de la fédération; cette manière de faire guili-guili aux média est d’un parhétique sans nom. Que Patrice Evra ne pousse au moins pas  lui le cirque jusqu’à faire des excuses publiques indigestes pour avoir exercé simplement son droit à la parole. Le ferait-il qu’il deviendrait alors lui-même un parasite du discours  et un clochard de la parole. Son intelligence ne le mériterait alors pas. Qu’il se contente avec simplicité de faire silence : ses mots passés et ses performances sur le flan gauche de son équipe parlent pour lui.

Avec panache.

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