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Christian Constantin, en bottant le cul à Rolf Fringer, et en le giflant, a franchi toutes les bornes et doit être banni : tel est le discours que journalistes, politiques, sportifs et artistes de la langue débitent sur les ondes et les réseaux sociaux. Le Blick, la bible suisse de la vérité, appuie sur le champignon, et voilà Cri Cri d’Amour rangé au placard avec son costard. CC lui-même avoue son forfait et assume sa pleine et entière responsabilité pour cet acte qui lui « a fait du bien ».
Mais soyons un instant sérieux : en quoi donc Cri Cri d’Amour serait-il coupable et responsable pour cette douce caresse et pour ce penalty botté dans le popotin d’un entraîneur frustré ?
La psychologie élémentaire nous enseigne qu’un gentil gamin à qui l’on pardonne toutes ses frasques sans jamais le punir aura à coeur, par la faute de ses parents, de ses instituteurs et de ses éducateurs, à développer ses talents au-delà de ce que l’on pouvait imaginer. Et un juge pour enfants, responsable et attentif au développement harmonieux de son jeune justiciable, n’aura pas de mots assez durs pour stigmatiser les carences éducatives crasses de ceux qui devaient prendre soin de lui. Un juriste un brin sagace pourra même envisager de faire application de la norme pénale réprimant la non-assistance à personne en danger, selon la gravité des négligences dans l’apprentissage de la vie en société commises sur l’enfant.
En l’espèce, Rolf Fringer devrait s’en prendre aux vrais responsables. À tous ces journalistes serviles, Nicolas Jacquier et Stéphane Fournier en tête du peloton, ceux du NF, du Matin, de la RTS, de Bilan, du Blick même, qui ont su sanctuariser les performances du gamin octodurien. À tous ces artisans et entrepreneurs qui ont avec une constance qui force le respect baisser leur pantalon pour pouvoir participer avec le sourire aux réjouissances choucroutières de février. A tous ces entraîneurs qui, avec le souci de bien gagner leur vie, ont accepté de signer des contrats en sachant qu’ils seraient assez rapidement virés avec un coup de pied bien placé et sans trop d’indemnités. A tous ces joueurs qui, dans le silence du vestiaire, n’ont pas rechigné à être les destinataires de quelques grossièretés destinées à les faire progresser. A tous ces arbitres qui ont été fustigés et qui ont préféré se taire pour pouvoir continuer à exercer leur passion du sifflet. A tous ces supporters qui, après l’avoir parfois traité de bouffon, l’ont porté aux nues dans l’espoir de pouvoir boire quelques gouttes dans la coupe du vainqueur. A tous ces politiques, Sédunois y compris, François au sommet de la pyramide, qui l’ont combattu et qui ont ensuite accepté de boire le verre de l’amitié pour mieux être célébré par leurs électeurs. A tous ces transférés qui ont pu voyager en avion privé, se satisfaisant alors de la qualité du pilote et de l’espoir de pouvoir jouer un jour, par la grâce de Napoléon, dans une ligue anglaise ou espagnole. A ces magistrats, Nicolas le Premier, qui ont su assimiler les subtilités de la prescription pénale pour permettre au sale gamin vilipendé de continuer à jouer. A ces humoristes célèbres, Frédéric Recrosio excepté, qui ont tant aimé être appelés à vendre leurs talents à des amateurs de saucisses et de pinard de chez nous. A ces valeureux des JO de 2026 qui n’ont pas hésité à donner leurs noms pour générer un surplus d’enthousiasme chez les Valaisans déjà ébréchés par Turin. A ces Zorro qui l’ont sauvé de l’opprobre en 1998, voulant éviter que le FC Sion ne sombre dans les abysses de l’oubli, n’écoutant point Eric Comina qui avait imaginé envoyer tout valser, Mudry et Cri Cri, dans une même danse macabre.
Rolf Fringer, ne voyez-vous pas que vous n’êtes que l’ultime marche d’un processus irrésistible qui a contraint, force de la pulsion l’assistant, un homme à jouir de son plaisir à botter le cul à tous ces entraîneurs, parfois sans honneur ? Ne voyez-vous pas que votre fessier n’a été que le réceptacle de toutes ces couardises passées nées de la lâcheté ou de la pusillanimité d’êtres humains si facilement domptables par l’argent ou la reconnaissance ? Ne voyez-vous pas que votre joue n’est que la cible d’un léger agacement affectant un garnement que l’autorité n’a jamais voulu ne serait-ce qu’égratigner ? Ne voyez-vous pas que votre chute n’est due qu’à la paresse de jambes ne voulant pas affirmer leur solidité devant l’outrecuidance d’un enfant abîmé ? Ne voyez-vous pas que votre fonction à Teleclub n’est qu’un alibi pour éviter que vos « confrères » ne considèrent mieux leurs actions au ralenti dans un miroir non déformant ? Ne voyez-vous pas que la plainte pour diffamation et dénigrement déposée par cet enfant n’est qu’un appel à cette impossible reconnaissance absolue que recherche, presque dans le désespoir, ce Napoléon découvrant les plaines de Russie et la Bérézina ? Rolf Fringer, ne voyez-vous pas que Cri Cri d’ici voudrait que vous lui disiez merci de pouvoir, grâce à lui, vivre de votre passion alors que lui ne peut côtoyer les terrains de jeu que parce que des millions, par les dieux, lui ont été promis ?
Rolf Fringer, vous m’avez compris, vous ne voudrez pas être celui qui symbolisera par votre action en justice la chute de l’enfant prodigue. Vous laisserez ainsi chacun, dans sa fonction et son rang, agir en parfaite liberté et vous répondrez, sourire aux lèvres, à l’invitation du magistrat qui osera examiner les récriminations émises en cour de récréation.
Je n’ai personnellement guère d’espoir : la Cité n’avouera pas ses fautes et pariera sur les capacités de ce brave gamin à réciter tout seul et correctement un acte d’auto-contrition. Trois Je Vous Salue Marie, par exemple.
Bonjour à tous les curés qui ont reçu les confessions de cet enfant !