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Billet de blog 23 août 2014

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Que c'est drôle une fusillade et un mort dans une mosquée !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Jean-Luc Addor est un ancien juge d’instruction pénale, un avocat, un député, un membre de l’UDC (extrême droite suisse) et il sera dans la course au Conseil national en 2015 pour succéder à Oskar Freysinger aux Chambres fédérales. Il est aussi souvent le représentant autorisé de l’UDC valaisanne devant les médias.

Jean-Luc Addor utilise parfois son compte tweeter @udcvr64. Récemment il a posté un tweet qui renvoyait à un article de 20Minutes informant les lecteurs que des coups de feu avaient été tiré à l’intérieur de la mosquée de Saint-Gall avec à la clef un mort. Au moment précédant l réaction du député saviésan la police n’avait comminiqué ni sur l’identité du tireur ni sur celle de la victime.

Le tweet de Jean-Luc Addor avait très exactement le contenu suivant ; « On en redemande ! ». Plus tard il a lancé un autre tweet : « Et les victimes qui s’en soucie ? »  Plus tard il osa un troisième tweet : « Manifestement tout le monde ne comptend pas l’ironie … ». 

La première interjection du député UDC mérite que nous nous y arrêtions un instant.

Un tweet de trois mots 

Le tweet premier de Jean-Luc Addor est en trois mots (« on en redemande ») et une interjection :

Le sujet de la phrase est indéterminé. Personne ne sait qui est ce « on ». Acceptons toutefois l’idée que l’auteur de cette petite phrase s’inclut dans le sujet de la phrase qui peut ainsi se lire :’ »J’en redemande ». « Moi, Jean-Luc Addor, avec d’autres, en redemande.

Le verbe de la phrase de la phrase est plus qu’une requête, c’est une demande, presque une exigence. L’avocat en veut encore. Toujours plus.

Le troisième terme de la phrase est un pronom indéfini, « en », qui renvoie manifestement à l’article de 20Minutes, à son contenu.

On ne va pas croire ici – Monsieur le Député, merci de nous rassurer au plus vite – que Jean-Luc Addor  souhaite plus de fusillades, plus de mosquées, plus de tireurs, plus de victimes. Il n’en demeure pas moins qu’à la lettre son mot prétendument d’esprit voulait dire cela.

Mais alors que veut encore et toujours plus ce député UDC ? Des sièges parlementaires supplémentaires acquis par la grâce de fusillades meurtrières survenues dans une mosquée ?

Le sujet ou l’objet de l’ironie

Une autre question doit inquiéter : où se nichait l’ironie ?

J’ai essayé de comprendre la drôlerie présumée de la chose telle que vue par l’avocat-député. Qu’ai-je compris ?

L’un des paragraphes de l’article fondant le tweet de Jean-Luc Addor mentionne que « des membres de la communauté musulmane pensent qu’il s’agit d’un acte de vengeance. La victime aurait tué le frère du tueur présumé il y a 18 ans. » Le fait que cette suppression de vie concerne en l’espèce exclusivement des Musulmans serait drôle puisque la communauté ainsi s’affaiblirait.

Si cette drôlerie n’était pas celle imaginée dans un sourire par Jean-Luc Addor, que ce député nous explique alors où se nichait l’objet de son sourire.

Ou alors, sans délai, qu’il s’excuse publiquement devant ce dérapage sans nom.

Je ne suis pas certain que le député UDC le fera lui qui, le 13 août 2014, tweetait que « l’islam est une saloperie soutenue par des traîtres et des salauds ».

On ne va pas demander au procureur général ce qu’il pense de cet énoncé, il est bien trop occupé à pourchasser les fraudeurs fiscaux (@Tintinfournier, rassurez-moi, vous avez compris mon ironie ?)

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