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Billet de blog 24 juillet 2014

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Al Capone, l'UBS et le Valais

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Al Capone, parrain de la mafia, est tombé le 5 juin 1931 lorsqu’il a été poursuivi pour fraude fiscale, après avoir accumulé dans l’intervalle par la grâce des rackets et du proxénétisme aggravé des millions de dollars gagnés à la sueur de son front. On fait ici fi des assassinats en cascade dont il fut si ce n’est l’exécutant à tout le moins le commanditaire. De son vivant, après la chute de la bourse, il eut l’amabilité pour améliorer son image de créer la soupe populaire pour nourrir les miséreux.

L’UBS n’a jamais elle été poursuivie pour des rackets au sens mafieux de la chose ni pour ses qualités de maquerelle. Mais on sait depuis pas mal de temps que le racket moderne prend d’autres formes et que ceux qui les pratiquent ne sont pas des puceaux. L’escroquerie à l’échelle planétaire (personne n’a oublié ici notamment les manipulations quotidiennes du cours du libor) et le démarchage de clients fortunés à des fins d’optimisation fiscale illégale furent parmi d’autres les armes journalières utilisées par des hommes cravatés, sac Hermès en bandoulière et sourires avenants. Les ennuis commencèrent le jour où de petits juges de là-bas s’avisèrent de constater que ces pratiques pouvaient être nommées différemment. Et surgirent alors dans le vocabulaire ces mots si féconds de « blanchiment aggravé de fraude fiscale ». Et c’est ainsi que presque naturellement la France, après les Etats-Unis, exige de cette petite banque suisse si proche de ses clients, si polie, si honnête, le versement de la coquette somme de 1,4 milliard de francs suisses, soit le 46,4 % du bénéfice net annuel de cet établissement bancaire civilisé.

En Valais, Dominique Giroud s’amène au guichet du Crédit Suisse avec des liasses de billets en espèces dont on sait aujourd’hui qu’ils avaient cette qualité inattendue de constituer une optimisation fiscale outrancière dont on peut affirmer sans trop de risque de se tromper qu’elle est à assimiler aussi du point des vues des organes régionaux du Crédit Suisse à des actes de blanchiment aggravé de fraude fiscale, ce délit inexistant en Suisse puisque le politique l’a ainsi décidé.

Un petit procureur de chez nous, vraiment pas grand, s’est exprimé ainsi lorsqu’il avait refusé un droit de visite à la sœur d’un délinquant dont le crime avait été de distribuer par kilos ce merveilleux haschisch fumé au jardin public de Sion, à quelques mètres de la porte du palais de justice : « ce n’est pas moi qui ai vendu de la drogue ».

On aura tous compris que ce brave magistrat n’est ni un trafiquant de drogue, ni un racketteur mafieux. Il a compris en quoi consiste sa mission : ne pas poursuivre les grands criminels économiques et fondre sur les costards des grossistes de cannabis tout en permettant aux justiciables qui se déplacent à l’Avenue Mathieu Schiner, devant le siège du Tribunal cantonal, de humer les délicates odeurs de la marie-jeanne.

On n’ira pas jusqu’à exiger de cette justice-là qu’elle se réveille, certains magistrats pouvant alors risquer une alerte cérébrale subite liée à un excès inattendu de bon sens.

Et nos politiques, sieur Christian Lüscher et le PLR à leur tête, pourront faire semblant de croire à la beauté de notre système, à la pourriture de quelques-uns et au bienfait de ne pas avoir à souffrir un trop plein d’intelligence de la part de ceux qui doivent lutter chez nous contre la criminalité économique.

L’UBS a annoncé qu’elle allait « continuer à se défendre vigoureusement ».

Comme Al Capone dans les années 1930 et Dominique Giroud aujourd’hui.

Le vendeur de cannabis est le seul parmi eux à être en détention préventive. Aux dernières nouvelles il semblerait que ce soit parce que les juges du Tribunal des Mesures de Contrainte et les membres de la Chambre pénale du Tribunal cantonal viennent de s’apercevoir que les senteurs qui les rendaient si cordiaux chaque matin provenaient du haschisch fumé sous leurs fenêtres par les collégiens.

Ah j’oubliais : la prostitution a été éradiquée grâce à Eliott Ness.

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