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Billet de blog 24 novembre 2013

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Je suis un internationaliste valaisan

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le père du fondateur de Mediapart, Alain Plenel, est mort. Son fils, Edwy Plenel, a écrit un In Memoriamen son honneur. Et, dans une fulgurance, j’ai compris : je suis un internationaliste valaisan.

Le patriotisme fleur au fusil, le nationalisme étroit et sa bannière décolorée, le régionalisme sans esprit d’ouverture, le cantonalisme limité à recevoir sans donner, le clanisme  bigot et intolérant à la différence sont l’antithèse de ce qui paraît être un oxymore. Michel Onfray avait saisi toute la puissance de cette formule de style lorsqu’il a titré « L’ordre libertaire » son aventure littéraire dans le pays de Albert Camus.

Le Valais de demain doit être celui de l’accueil de l’étranger.

L’étranger qui est en nous, en premier. Freud a expliqué que le plus intime de nous-même est cette maison qui nous est inaccessible, l’inconscient. « Heimlich », « Unheimlich », le dissemblable à soi qui est plus que soi, que Lacan a appelé « l’extime », celui à qui chacun d’entre nous doit réserver une place pour ne pas sombrer dans la folie.

Cet accueil de soi, du plus profond de soi, permettra l’accueil de l’autre, celui qui est étranger à notre façon de vivre, à notre attitude face au destin, à nos choix du lendemain et du passé, à notre profonde originalité. L’application à soi du « connais-toi toi-même » de Socrate sera à la source de la compréhension d’autrui.

Peut-être alors pourrons-nous au gré de nos chemins découvrir en quoi un violoniste slave célèbre est notre frère de sang dans la recherche du bonheur, un avocat français hautement cultivé un grave ignorant des relations humaines, une bourgeoise délaissée au béret capricieux une apeurée du lendemain en mal de sécurité financière, une femme tatouée et trahie une personne bienveillante et ordonnée, un escroc financier au lourd casier judiciaire un homme de justice efficace, un avocat de la noblesse et des gens bien placés un filou de bas étage fielleux et perverti, un curé défroqué un homme de morale et de vérité, un vaincu de la vie un père aimant et magnifique.

Et ces rencontres, multiples, uniques, fécondes, infécondes, magnifiques, mauvaises, singulières, particulières, répétées ou oubliées, inoubliées mêmes, peuvent alors nous conduire vers le chemin des étrangers, des Erythréens, des Croates, des Albanais, des Turcs, des Portugais, des Syriens, des Libanais, des Espagnols, des Catalans, des Serbes, des Chinois et des Tibétains. Et même des Savièsans, des Anniviards et des Français.

La chance du Valais de demain, c’est peut-être tout simplement de devenir international en sachant reconnaître en l’autre un soi-même qui est nous en étant un autre si différent et parfois, comme chacun d’entre nous, si accueillant.

Dans le langage cru des hommes de pouvoirs, de chez nous et d’ailleurs, on appelle ça un idéalisme de gauche, totalitaire, nationaliste et socialiste, donc fasciste.

Je ne peux ici que leur répondre avec Francis Cabrel, qui fêtait hier ses soixante ans, que ce qu’il recherche ici bas, c’est un peu plus de fraternité.

Et n’en déplaise aux pisse-froids et aux comateux du bon sens, cette fraternité, on peut la trouver chez les banquiers et chez les mendiants, chez les musiciennes et chez les mathématiciens, chez les athées et chez les croyants, chez les poètes et chez les politiques.

Chez le Somalien et chez le Valaisan.

Ouvrons nos yeux.

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