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Billet de blog 25 août 2013

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Des charmes de la spéculation immobilière en Suisse

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

(Par Alice Inwonderland) [connu de la Rédaction de L'1dex]

L’article 100 alinéa 1 de la Constitution fédérale prévoit que  »la Confédération prend des mesures afin d’assurer une évolution régulière de la conjoncture et, en particulier, de prévenir et combattre le chômage et le renchérissement ».

Les élus parlementaires au niveau fédéral ne devraient pas oublié que le combat contre le renchérissement est aussi valable pour le marché immobilier.

Mais quel est donc le renchérissement dans le marché immobilier suisse, selon les propres statistiques de l’UBS pour le 2ème trimestre 2013 (cf. UBS Real Estate Bubble Index) :  » Le marché se situe pourtant à un niveau record, avec un cycle des prix persistant depuis près de 15 ans. Sans ralentissement, le risque d’une bulle des prix devrait de nouveau augmenter dans les trimestres à venir ».

Le volume des hypothèques a enregistré une croissance de 4,3%, soit 29 milliards de francs, par rapport à l’an passé. Quant au revenu disponible des ménages, il n’a augmenté que de 1,4% (environ 5 milliards de francs). . L’endettement croissant constitue un risque supplémentaire pour l’économie en cas de forte hausse des taux d’intérêt.

Au 2e trimestre 2013, les prix de l’immobilier ont augmenté un peu plus vite que les revenus des ménages. Il faut toujours près de 6,1 revenus annuels pour acquérir un logement dans un segment de prix moyen. « La moyenne à long terme est de 5,2 revenus annuels. Un record de 6,9 avait été atteint au 2e trimestre 1989. »

Les banques, telles que l’UBS et le Crédit Suisse, prétendent cependant aussi qu’il n’y a pas de problème de spéculation dans le marché financier. Elles semblent avoir oublié la définition de ce qu’est la spéculation.

La spéculation est une opération financière ou commerciale qui a pour objectif de réaliser un gain d’argent en pariant sur la fluctuation des cours du marché.

Pour rappeler aussi la définition d’une bulle spéculative, on peut se référer au prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz : « Une bulle est un état du marché dans lequel la seule raison pour laquelle le prix est élevé aujourd’hui est que les investisseurs pensent que le prix de vente sera encore plus élevé demain, alors que les facteurs fondamentaux ne semblent pas justifier un tel prix. »

En résumé, le risque de bulle immobilière annoncé par l’UBS est le résultat d’un comportement spéculatif. D’ailleurs, il suffit d’étudier la réglementation suisse en matière de crédits hypothécaires pour constater que celle-ci encourage la spéculation plutôt que « l’achat » d’un bien immobilier. En Suisse, cela fait bien longtemps que nous ne parlons plus de logement mais de produits de placements lorsque l’on parle d’accession à la propriété. Si on rajoute l’écart salarial grandissant au sein des entreprises, personne ne pourra prétendre à des surprises en cas d’éclatement de la bulle qui, le cas échéant, entrainera une crise de l’endettement pire que ce que nous avons connu dans les années 90.

Plutôt que de combattre le renchérissement et remplir sa tâche figurant à l’article 108 de la Constitution fédérale (accession à la propriété), le Parlement fédéral va exactement dans le sens contraire. Il rend plus difficile l’accession au financement pour les ménages modestes, continue de laisser les propriétaires fortunés spéculer sur les prix de vente de demain et ne prend aucune mesure pour régler les problèmes de l’écart grandissant des salaires et donc des fortunes.

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