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Billet de blog 26 juin 2013

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Laurent Jalabert, un sacré farceur dopé à l'EPO

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1998, c’est l’affaire Festina. Les Suisses s’en souviennent encore : Laurent Dufaux, Armin Meier, Alex Zuelle, et l’aveu d’un dopage organisé et médicalisé au sein de cette équipe. Personne n’en doute aujourd’hui : Festina était synonyme de cyclisme. Une formation a été alors démantelée alors qu’il eût fallu à tout le moins cesser le Tour de France pendant quelques années pour oser un vrai assainissement des choses. On sait ce qu’il advint de cette couardise généralisée et de ce désir de faire vibrer le peuple, dût-on célébrer des dopés et des survitaminés. Armstrong devint invincible.

Et puis, aujourd’hui, 15 ans après cette déchéance avérée du vélo, voilà que l’on ose accuser Laurent Jalabert, ce preux chevalier de la petite roue. Voyons, un cycliste qui brille dans le sprint puis devient le meilleur grimpeur du tour ne peut qu’être un sportif émérite, vaillant, courageux et propre. Mais, comme il le susurre à ses amis journalistes, aujourd’hui il pense qu’« on lui veut du mal ». On voudrait l’empêcher de commenter la 100ème édition du Tour de France sur France Télévisions. Et voilà tout le motif de ces gens qui osent dévoiler les résultats des échantillons de l’année 1998 analysés en 2013. En sourdine, il évoque la prescription. Tout ça est si ancien, laissez-moi tranquille, il en va de l’avenir du vélo, du Tour de France et de mes prochains revenus de commentateur sportif.

C’est un sacré farceur, ce Laurent Jalabert, qui a osé ces mots pleins de franchise scientifique : « Il était très difficile, voire impossible de savoir quels étaient les médicaments qu’on pouvait m’administrer ». Ce propos n’est pas à prendre avec humour, il est à décortiquer avec sérieux. Effectivement, en 1998, les méthodes d’analyse ne permettaient pas de déceler l’EPO; donc il est vrai qu’il était très difficile, voire impossible de savoir quels médicaments les médecins pouvaient administrer à ce champion du macadam. Et c’est bien parce qu’il le savait, parce que des médecins le lui ont dit, parce que les analyses étaient déficientes, que Laurent Jalabert a couru vers ce chemin qui aura permis à son taux d’hématocrite de passer de 42 % le 19 janvier 1997 à 54 % le 28 août 1997. Et le jeu de dominos se poursuivant, un ancien cadre entourant ce champion a révélé que Laurent Jalabert était bel et bien suivi par Michele Ferrari à cette époque. A l’insu de son plein gré, Jaja a dit que tout cela n’était peut-être pas faux.

Et lorsque ce sacré farceur dopé à l’EPO avoue « je ne peux pas dire que ce soit faux, je ne peux pas dire que ce soit vrai » (cf. Le Monde du 26 juin 2013, p. 10), il dit encore la vérité, puisque n’étant lui-même pas scientifique, ni analyste laborant, il ne sait pas vraiment ce que fut son taux d’hématocrite à cette belle époque, ni si des gens trop bien attentionnés envers son corps ont pu lui fournir des substances non autorisées. Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Qui en a cure ?

France Télévisions osera-t-elle donner l’antenne à Laurent Jalabert pour la 100ème édition de la Grande Boucle ? Dans ce monde de farceurs, de dopés, de pédales, de rayons, de casquettes, de maillots et de gourdes, pourquoi donc n’écouterait-on pas ce que dira sans rire Laurent Jalabert de cette 100ème Grande Boucle, de ses dopés innocents, des quelques coupables, des autres, de nous et d’eux. Et peut-être au détour d’une phrase de lui, de sa responsabilité de coureur, de ses petites lâchetés et de ses amitiés dopantes. Une escalade pas facile pour ce sacré farceur.

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