CanulArt

Samedi, en catimini, je me suis rendu à La Liseuse et j’ai acheté deux livres, dont celui, riant et brillant, de François et Morgane Maret. CanulArt. Voilà un père et sa fille qui se jouent de l’histoire en fondant leurs détournements sur le pouvoir de l’artiste visionnaire. Vermeer a ainsi « prévu » l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, la crise a été « anticipée » par Vallotton, et même Playboy a été « conceptualisé » par Ingres. C’est ainsi encore que le débarquement de Normandie est illustré par une tapisserie revisitée de Bayeux et Arnold de Winkelried annoncé sur un cratère en calice à figures rouges du musée archéologique de Magoula. Vertigineuse descente donc du lecteur dans les torrents de l’histoire, de l’art, du trait malin et de la couleur démoniaque. On comprend que la puissance de Mondrian a donné naissance au GPS et que Turner n’est pas un peintre mais un ingénieur nous propulsant dans le TGV, ce rêve de la grande vitesse.

Ce livre a même des effets étonnants. En ces temps de canicule, vous enfourchez un parapluie, plongez vers les moissonneurs revisités par Morgane, vous avez subitement moins chaud, vous clignez alors de l’oeil et vous éclatez de rire à la trouvaille de François, améliorant les barbouillages d’Emile Bernard.

Tout cela est indescriptible en mots, car comment vanter la chirurgie esthétique sans aimer Modigliani. Cela vous paraît fou ? Mais est-ce de la folie que demander simplement à l’autre « tu m’aimes ? » et de disparaître après avoir siroté une bouteille de scotch ou d’enjamber un pont, la tristesse chevillée au corps ?

A dire vrai, le lecteur-écrivain pourrait saisir n’importe quelle page de ce CanulArt, par exemple celle des nénuphars et des algues de Monet, et laisser ses pensées tremper dans la gouache de ses mots nés des images offertes à son regard. Et il en sortirait de l’émotion, de l’étonnement, de la certitude, du doute, de la joie, de la tristesse et, surtout, beaucoup d’intelligence.

CanulArt est une réussite que je mettrai en bonne place dans mon étude, à Sion. J’ouvrirai peut-être l’ouvrage à la page d’Etudes pour la Liberté guidant le peuple. Pourquoi ? Que ces seins nus me font penser à Notre-Dame !

Bonjour à vous deux, François et Morgane !

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