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Billet de blog 28 juillet 2013

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La certitude de mes vérités

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je l’avoue, j’ai un peu triché. J’ai tiré profit de mes droits d’administrateur pour lire avant tout le monde (ce vendredi à 16 heures) l’article de Anne Darbellay, publié cette nuit, à une heure du matin, à L’1dex. Elle pointe la culture du doute, la mienne. Elle ne savait pas que je venais de louer le film « A dark truth », dans lequel Andy Garcia est un ancien membre de la CIA, qui est journaliste radio pour l’émission « La Vérité ». Cette conjonction d’assauts cumulés contre mes doutes m’a incité à déterminer quelques certitudes, les miennes, mes vérités, sans doute, ces convictions excluant le mensonge (dont Lacan dit qu’il a toujours un effet de vérité pour le sujet qui l’énonce !).

Je vais donc, sans distiller le doute, ni l’ironie, dire dix certitudes qui sont miennes, des certitudes à effet public, la transparence de l’écrit n’imposant pas le dévoilement improbable de vérités intimes.

Alors quelles sont ces dix vérités les moins banales que je pourrais évoquer et les plus crues (la crudité de la vérité est souvent un indice de sa véracité) ? Oui, quelles sont ces dix vérités que je pourrai exposer publiquement sans craindre que le doute ne m’assaille pour dire très vite le contraire de mes énoncés ? Je commence à élaborer la chose et je devine déjà que l’exercice n’est pas si facile : ça me rassure, je ne suis pas si fou, tel celui qui est envahi de tant de certitudes absolues. Oui, c’est pas facile que de savoir et d’oser dire dix vérités crues et définitives. On sent déjà en soi que la première vacillera avant même qu’on l’aura formulée, les suivantes se développant dans le même chemin incertain. Allez, lançons-nous, au risque de déplaire à Jack Begosian et à Anne Darbellay :

  1. l’aptitude à juger n’est pas délivrée avec le titre de magistrat : sans qualités manuelles, l’ébéniste n’est pas bon dans son métier.
  2. le livre est un élément nécessaire à la raison, à la découverte de l’autre et à la recherche de soi.
  3. l’investissement massif et éclairé dans la formation est un signe de santé du monde politique.
  4. la liberté de la presse et le droit de savoir sont les fondements essentiels d’un Etat démocratique.
  5. l’acte de juger est un acte politique et de pouvoir.
  6. le droit est un espace où règnent l’arbitraire, l’injustice et la simulation.
  7. au sein de la cité, la transparence absolue est un leurre, l’opacité clanique un crime.
  8. L’1dex n’est pas rien, n’est pas riche et n’est pas sans arguments.
  9. la psychanalyse est une orientation de vie qui est saine.
  10. l’incroyance n’est pas sans avenir face aux intégrismes, aux intolérances et aux certitudes.

Merci à Jack et à Anne de m’avoir « forcé » à énoncer ainsi mes vérités.

Je vous le dis : c’est pas facile.

Post Scriptum : la conversation entre Jack Begosian (Andy Garcia) et Francisco Francis (Forest Whitaker) dans « A dark truth » vaut à elle seule la peine de voir ce film. Une opinion, pas une vérité.

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