
Christiane Taubira quittant le gouvernement de Manuel Valls, c’est la dernière parcelle de la France sociale qui s’éloigne de François Hollande laissant le clan présidentiel exsangue sur sa gauche. Christiane Taubira était le dernier rempart pouvant protéger le parti socialiste de la virulente critique portant sur sa droitisation économique et sécuritaire. Celle qui a porté avec brio la défense du mariage gay devant l’assemblée nationale a préféré préserver son intégrité morale et a refusé de participer à la constitutionnalisation de la déchéance de nationalité qu’elle désapprouve par toutes les fibres de son corps. Ce désaccord majeur créé par la droite sécuritaire et démagogue du parti socialiste annonce une impossibilité presque mathématique pour François Hollande d’accéder au deuxième tour de l’élection présidentielle si la gauche de la gauche de ce parti socialiste de droite présente un candidat assumant une vraie lutte contre ce clan hollandais qui a fait main basse sur le PS pour placer le parti dans une situation catastrophique en vue de l’élection présidentielle de 2017.
Christiane Taubira restera dans l’histoire comme la femme qui a su tenir tête avec vaillance à la droite française intégriste qui refusait le mariage pour tous et la ministre qui accrut l’indépendance des juges.
Les valeurs de gauche ont ainsi déserté une frange significative du gouvernement Valls, dont certaines décisions sont en tous points conformes avec les démarches que n’aurait pas manqué d’entreprendre un gouvernement de droite.
Sur le plan économique, Emmanuel Macron est redoutablement proche des libéraux les plus fervents. Sur le plan sécuritaire, Manuel Valls eût pu être le premier ministre de Sarkozy.
François Hollande peut aujourd’hui s’agenouiller et espérer que ne se dégagera pas sur sa gauche uh homme (Mélenchon ?), une femme (Taubira ?), un autre, une autre, qui lui ramassera sans coup férir un nombre respectable d’électeurs ne comprenant absolument plus la direction choisie par le capitaine du navire.
Il n’est pas certain que ce moment particulier du quinquennat ne soit pas cet instant où François Hollande et Manuel Valls, par incapacité à faire leurs des valeurs de gauche auxquelles sont attachés les militants du PS et des autres groupes de gauche, n’aient définitivement propulsé le pays vers un gouvernement ancré à la droite de la droite.
La France est au temps de la bascule. D’une bascule qui tangue dans une direction que n’a pas voulu prendre Christiane Taubira par respect pour ses engagements passés.