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Joseph Blatter, Sepp de son petit nom, se veut droit dans ses bottes et fier déjà de mener à bien sa mission, celle du développement toujours plus étendu du football dans le monde en y excluant toute pratique de corruption. A 79 ans, après quatre mandats et après avoir promis lors de la précédente élection qu’il ne briguerait plus de mandat supplémentaire, le voilà donc arrimé au gouvernail du football mondial pour une période législative supplémentaire. Que comprendre de cet état de chaos argenté dans lequel est plongé Seppi de Viège ?
1.
Sa parole personnelle à le poids de l’insignifiance : il dit une chose, en fait une autre; il affirme quelque chose, mais peut penser à l’opposé; Platini exige sa démission, les deux hommes s’embrassent sur les estrades le lendemain; il laisse le Qatar obtenir la Coupe du monde 2022, puis affirme qu’une erreur a été commise; il mandate un procureur américain, et le voilà qui refuse de publier son rapport; il veut améliorer l’arbitrage et ne surtout pas utiliser le replay pour juger un cas limite de jeu; il connait les dessous de l’affaire ISL, et la corruption repart de plus belle; il connait la clémence du ministère public zürichois et le président de la Commission éthique de la FIFA a fait ses gammes auprès de cette autorité; il plaide pour la démocratie et donne à l’accolade à son premier soutien, le tsar Vladimir. Cet homme est capable de faire semblant d’aimer Viège.
2.
La corruption a un statut endémique à la FIFA. Des choses d’une gravité absolue dans le champ de la criminalité se sont produites dès avant le premier mandat de Sepp Blatter qui se sont aggravées les années suivantes. Aucune mesure réelle décisive n’a été prise depuis par la FIFA. On peut être certain que toutes les mesures anti-corruption prises avaient la douceur du mensonge le plus scélérat. On a fait semblant de faire semblant. Dans ces circonstances aucune personne saine d’esprit ne devrait s’étonner qu’un procureur fédéral américain ne débarque en Suisse avec l’aide du département de la justice des États-Unis. Ceux qui veulent s’étonner de ce mouvement procédural sont les mêmes qui ont voulu ne rien savoir des actes pénalement répréhensibles qui ont été ignorés dans le passé (affaire ISL et commissions occultes).
3.
La FIFA a déposé une « dénonciation » au ministère public et a dit depuis des mois vouloir collaborer avec les autorités de poursuite pénale. Mais alors comment se fait-il que ces procureurs ont dû organiser des perquisitions au sein même de la FIFA, cette organisation qui voulait tant aider à la recherche de la vérité ?
4.
La FIFA est pourrie jusqu’à la moelle à travers des pratiques financières, commerciales et contractuelles qui n’ont plus aucune éthique ni morale, si éloignées du droit et de la justice que l’observateur neutre en voyant tout ce beau monde s’agiter dans le parfum démoniaque de l’argent facile peut être certain d’une seule chose : les requins qui survivent dans ce monde aquatique ne sont pas de charitables saumons ni des juristes à la recherche de la pertinence du respect des règles; ce sont des hommes qui depuis longtemps ont compris qu’il valait mieux pour eux face aux autres cacher leur âme.
5.
Des batailles juridiques et médiatiques interminables ont commencé qui s’achèveront bien après le décès de Jack Warner ou la disparition de Sepp Blatter. Si par improbable tel n’était pas le cas, on pourra alors être convaincu que quelques fourbes auront utilisé le sytème institutionnel pour se remplir une fois encore la panse.
6.
Un acte salutaire de courage qui ne sera jamais entrepris serait de s’atteler au démantèlement de la pieuvre qu’est devenue la FIFA sous les ères de Joao Havelange et de son bras droit Sepp Blatter. Des moyens juridiques existeraient, par le biais des lois fiscales notamment. Mais qui peut craindre cette voie lorsque l’on connait la pusillanimité du ministère public suisse à combattre réellement la criminalité économique.
7.
Comme l’a dit le Prince Ali, qui ne pense peut-être pas un mot de ce qu’il affirme, la guerre qui s’annonce est celle qui oppose la transparence à l’opacité. Il est clair (!) que Sepp Blatter depuis longtemps a choisi son camp : à l’exemple des dominants de tous les pays, il est devenu le général des forces d’obscurité.
Et il n’est peut-être pas bon que des hommes isolés avec leur petite lumière, tel David Yallop, surgisse dans ces tunnels d’immondices. Loretta Lynch a senti la chose et a organisé au Bar au Lac Hôtel un débarquement massif de grande prudence. Dans ce bas monde d’égouts et de caniveau elle a déjà démontré une science dans le judo médiatique qui force le respect.
Même Sieur Joseph Sepp Blazter, bourgeois de Viège, a dû apprécier.
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