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Billet de blog 30 août 2014

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Lagarde - DSK : l'octroi d'une indemnité pour tort moral de 40 millions d'euros est un viol d'Etat

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Christine Lagarde a donc reçu toute la « confiance » du FMI qui, je l’interprète ainsi, estime aujourd’hui que sa directrice est tout aussi compétente qu’elle l’était avant sa mise en examen pour « négligence »en lien avec cette honteuse procédure d’arbitrage qui a conclu parmi d’autres forfaitures à octroyer à Bernard Tapie une réparation pour tort moral à hauteur de 40 millions d’euros. Pas moins !

Serait-il indélicat d’affirmer que Dominique Strauss-Kahn n’était pas moins compétent après les événements survenus dans un hôtel à New York qu’après avoir été menotté à la face du monde ?

Christine Lagarde, c’est une évidence, n’était pas dans la chambre où s’est commis le crime. Dans la chambre du Tribunal arbitral s’entend.

Que dirait-on de gardes du corps qui auraient protégé l’accès à la chambre d’hôtel au moment où une jeune femme aurait été confrontée à une agression commise par un personnage important. Auraient-ils pu entendre des cris ? Auraient-ils pu savoir ce qui se passait à l’intérieur de la chambre ? Ou pas ? Auraient-ils eu raison d’avoir quelque inquiétude sur le sort de la femme de couleur ?

Christine Lagarde n’était pas membre du Tribunal arbitral. Elle n’a pas participé à l’arbitrage. Elle n’a pas choisi les arbitres, du moins l’espère-t-on. Elle n’a pas bénéficié de commissions à l’entrée en force du jugement arbitral. Elle n’a pas été charmée par Bernard Tapie avant la détermination du tort moral.

Mais on ne va pas faire croire aux citoyens français que Christine Lagarde n’a pas eu connaissance de la sentence arbitrale dans les jours qui ont suivi la notification du jugement. Si tel était le cas, il y en a quelques autres qui peuvent se faire du souci. Et même si ce jugement ne lui avait pas été communiqué est-il simplement sérieux pour une ministre d’Etat de ne pas s’être informé sur l’avancement de cette procédure ?

Christine Lagarde n’est pas une violeuse, même si parfois elle se laisse aller à quelques gestes indélicats du majeur de sa main. Mais Christine Lagarde n’est pas bête. On va penser ici qu’elle est pourvue de quelque bon sens. Alors pourquoi cette dame pas bête, aujourd’hui à la tête du FMI, que l’on va supposer honnête, dotée d’une responsabilité publique éminemment élevée, ne s’est-elle jamais insurgée contre cette indemnité de 40 millions d’euros octroyée à Bernard Tapie à titre de tort moral.

Comme l’a écrit à L’1Dex l’anarchiste libertaire Narcisse Praz (84 ans) oser l’expression de « tort moral » pour Bernard Tapie, c’est un incroyable oxymore. Dans le réel du vrai de la vie, ce tort moral fixé à 40 millions est tout simplement un viol d’Etat. Ceux qui ont laissé faire ne peuvent aujourd’hui arguer de leur bonne foi. Il y a en effet des limites à la bienséance judiciaire, fut-elle arbitrale.

Christine Lagarde ne fut pas juge-arbitre. L’eût-elle été qu’elle eût mérité cent fois quelques années de prison. On dira en l’état qu’elle mérite le statut de « présumée innocente ».

On ne dira rien sur celui qui a accepté 40 millions d’indemnité à titre de tort moral. Ni sur ceux qui ont rédigé et signé la sentence arbitrale. Ni sur ceux qui ont adhéré à l’idée arbitrale. Ni sur celui qui a joui sur le corps d’une femme non consentante dans un hôtel à New York.

On dira simplement ceci : un tort moral de 40 millions d’euros accordé à Bernard Tapie est un viol d’Etat.

Que celui-ci ait pu avoir été commis notamment par l’historien de l’Affaire Dreyfus n’est pas la moindre des perfidies.

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