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Billet de blog 1 mars 2024

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Il faut renvoyer les pompiers en urgence aux « écureuils »

Les délicates opérations pour déloger les derniers opposants perchés sur l'ex-ZAD de Crémade s'éternisent. Après la visite d'un rapporteur spécial de l'ONU, faut-il appeler les Casques Bleus dans le Tarn ?

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Illustration 1
© Stéphane Thépot

Au fou, les pompiers, il y a la planète qui brûle... et on regarde où ? Le camion de pompiers et sa grande échelle télescopique utilisé sur réquisition du préfet du Tarn pour déloger les « écureuils » du bosquet de La Crémade a été remplacé au bout 24 heures par une petite nacelle jaune de location. L'engin trouvé chez Kiloutou par NGE, l'entreprise de BTP chargée du chantier de la future A69, se révèle à l'usage plus mobile pour atteindre les cinq arbres où les opposants à l'autoroute ont construit leurs cabanes de fortune que le lourd camion rouge des « soldats du feu », incapable de sortir de la petite route goudronnée qui longe ce qui reste de la ZAD sans risquer de s'embourber comme l'un des deux Centaures blindés de la gendarmerie déployés pour épater la galerie.

C'est grâce à cette nacelle de location que le rapporteur spécial de l'ONU a pu s'entretenir pendant 30 minutes avec deux écureuils lors de sa visite sur le terrain, jeudi 22 février. Michel Forst a même eu droit, avant de revêtir le casque réglementaire, à une démonstration peu probante du savoir-faire des gendarmes spécialisés de la CNAMO, qui ont vainement tenté d'attraper un écureuil sous ses yeux. Le spectacle n'a pas franchement été du goût de l'ancien directeur général d'Amnesty International en France et de la Ligue Nationale contre le Cancer.

« Le climat particulièrement tendu sur le site de la « Crem’Arbre » (est) tout à fait incompatible avec une expulsion des « écureuils » dans des conditions satisfaisantes de sécurité, pour eux-mêmes ou pour les membres des forces de l’ordre chargés de leur interpellation dans les arbres qu’ils occupent », écrit ce protecteur des défenseurs de l'environnement de tout poil dans un rapport de mission accablant de trois pages. Michel Forst s'indigne notamment de « l'interdiction de ravitaillement en nourriture » des écureuils. Il précise n'avoir pas été autorisé lui-même à apporter des vivres aux opposants lors de sa courte visite dans la canopée « malgré ma demande d’autorisation au préfet du Tarn, restée sans réponse ».

Bidons percés volontairement ?

Plus grave encore, l'alimentation en eau potable n'était pas davantage garantie selon lui. Contrairement aux assurances verbales du préfet Michel Vilbois devant la caméra de TF1, le rapporteur de l'ONU raconte que des employés de NGE auraient percé volontairement les bidons apportés par les forces de l'ordre le 20 février pour ravitailler les opposants perchés. Le rapport de Michel Forst relate aussi l'utilisation de « lumières stroboscopiques » pointés sur les arbres la nuit pour empêcher les écureuils de dormir, des tentatives d'enfumage au pied de trois arbres par des produits inflammables, des coups de matraques et des coups de pieds contre des manifestants au sol, etc .

« Je procèderai à la vérification des informations reçues sur ces faits, dans le cadre du traitement des plaintes déposées auprès de mon mandat », écrit en conclusion le rapporteur de l'ONU. « Le préfet du Tarn regrette que M. Forst n'ait pas tenu compte dans sa publication des explications qui lui ont été données pendant 1h30, qui démentent formellement les allégations qu'il rapporte », réagit Michel Vilbois dans un communiqué lapidaire.

Sur place, les écureuils font état de nouvelles tentatives périlleuses pour les déloger. Ils accusent les gendarmes-grimpeurs du CNAMO de démolir leurs cabanes et de confisquer leurs vivres, à défaut de pouvoir les attraper quand ils se réfugient en bout de branches. « Après 14 jours de privation d'eau et de nourriture, les gendarmes ciblent les dernières vivres des militants qui sont systématiquement détruites », accusent le Groupe national de Sauvegarde des Arbres (GNSA) de Thomas Brail et le collectif La Voie est Libre. Les soutiens des écureuils appellent à une nouvelle manifestation sur place, sous forme d'opération de ravitaillement, ce vendredi à 17h30. « A visages découverts », précisent les deux associations. Bref, il y a le feu à La Crémade. Il serait peut-être temps de rappeler les pompiers. Ou les Casque Bleus de l'ONU ?

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