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L'événement paraît presque à contre-courant, tant LFI et le PS s'empaillent déjà pour l'Elysée. Mais alors que les députés du Nouveau Front Populaire (NFP) se sont opposés sur l'opportunité de renverser à nouveau le gouvernement, tous les postulants à l'élection municipale de 2026 s'accordent au moins localement sur un point : il faut en finir avec Moudenc et son « gouvernement », à mi-chemin entre Bayrou, Barnier, Macron et Sarkozy. Chacun son tour, les candidats déclarés au fauteuil du maire sortant ont pu décliné un angle d'attaque de cette motion de censure collective pour faire front commun. « On a pu s'entendre pour faire la NUPES puis le NFP, il n'y a pas de raisons qu'on ne le fasse pas encore pour gagner Toulouse », assure François Piquemal.
L'ancien élu municipal du groupe Archipel Citoyen élu député Insoumis attaque frontalement la municipalité de façon inattendue sur l'un de ses principaux piliers : la police municipale. « On n'a pas le même droit à la sécurité selon qu'on habite dans le quartier Saint-Georges ou au Mirail », déplore Piquemal en constatant que la multiplication des caméras n'a pas permis de faire reculer le « narcotrafic » et les règlements de comptes sanglants entre bandes rivales. Régis Godec, son homologue désigné pour être « chef de file » des écologistes, raille les immeubles qui s'effondrent. Le candidat Vert estime que la municipalité est prête à tomber comme un fruit trop mûr. A ses yeux, Moudenc s'est trop longtemps accroché au pouvoir pour préparer la ville aux enjeux climatiques du XXIème siècle. « Il a commencé à siéger au Capitole en 1987 », souligne l'ancien élu de la municipalité Cohen qui avait passé son tour en 2020.
Isabelle Hardy, qui se déclare prête à reprendre le flambeau de l'ancien maire socialiste sous la bannière de Générations, poursuit dans la même veine en réclamant un « urbanisme de rupture » face à un maire qui aurait « livré la ville aux promoteurs ». La conseillère municipale d'opposition, qui siège aussi dans la majorité du conseil départemental de Sébastien Vincini (PS), enfonce un dernier clou sur le cercueil du maire sexagénaire qui se revendique de centre-droit de Toulouse : « Moudenc est un gestionnaire, pas un visionnaire ».
Printemps toulousain ou marseillais ?
A défaut d'avoir désigné son ou sa « championne » pour la course au Capitole puisque Carole Delga entretient encore le vrai-faux suspens sur son départ de la région pour prendre le commandement en chef de l'assaut contre Moudenc, le PS avait délégué ses troupes d'infanterie de deuxième ligne. A l'exception de l'avocat Marc Sztulman, discret bras droit de la Commingeoise qui veille sur les finances du micro-parti des « Carolistes » à Toulouse, les légions socialistes sont surtout massées à l'hôtel du département du général Vincini.
Jean-Michel Fabre ne s'est pas dévoilé, laissant un autre conseiller départemental plaider pour le rétablissement de la gratuité de la cantine pour les plus pauvres. « L'union de la gauche est une condition nécessaire, mais pas suffisante », a surtout prévenu Julien Klotz, ancien président de l'influente association des cyclistes de l'agglomération. Maxime Le Texier se positionne sur la même ligne au nom d'Archipel Citoyen. « Plus que l'union, il faut une coopération », estime cet ingénieur d'Airbus qui a transformé l'association municipaliste apparue lors du dernier scrutin en véritable parti politique. Archipel ne renonce pas à renouveler l'expérience menée en 2020 en proposant de fondre les militants des différentes formations politique et les simples « citoyens » au sein d'une « coopérative » chargée de bâtir un programme commun avant de désigner ses candidat(e)s.
Méfiant face à cet exercice autogestionnaire en rupture avec sa tradition du « centralisme démocratique », le parti communiste a hésité jusqu'à la dernière minute à se rendre à cette réunion oecuménique organisée sous l'égide du « Printemps Toulousain ». Les camarades de Pierre Lacaze, fidèle allié de Delga à l'hôtel région et « en même temps » adversaire déclaré de Moudenc au Capitole, ont finalement accepté l'invitation de ces dissidents socialo-trotskistes avec la bénédiction de la CGT à une condition : suivre le modèle du « Printemps marseillais ». Comprendre une vaste alliance locale rouge-verte-rose où LFI n'a pas le leadership.
Les gauches dans la ville rose, combien de divisions ?
Pour compléter le tableau des cinquante nuances de gauche dans la ville « rose », un camarade du NPA a laissé entendre qu'il n'attiserait pas une liste à la gauche de la gauche, contrairement à Philippe Poutou à Bordeaux en 2020. Un représentant du parti « social-démocrate » que Raphaël Glucksmann peine à structurer localement est venu réclamer la gratuité du métro sur le modèle, non assumé publiquement, de Mickaël Delafosse à Montpellier. Des supporters des dissidents de LFI purgés pas le commissaire du peuple Bompard ont aussi pu s'exprimer. Même les derniers Mohicans des « quartiers » ont eu la parole. Ces anciens combattants ont servis de supplétifs à Pierre Cohen dans sa vaine tentative d'incarner une « troisième voix » entre la bonne vieille « union de la gauche » (PS-PCF-PRG) des années Mitterrand, relookée sous la figure de Nadia Pellefigue en 20202 , et les formes plus « gazeuses » d'alliance à géométrie variable qui s'étaient précipitées, comme on dit en chimie, derrière le panache vert d'Antoine Maurice.
Cohen était comme un poisson dans l'eau. Le dernier maire de gauche de Toulouse, qui a rompu avec le PS, semble avoir fait le deuil d'une « revanche » personnelle face à Moudenc. Il ne pouvait manquer ce court samedi de fiançailles dans la salle Osète. En attendant un hypothétique contrat de mariage ? Venu en voisin, Marc Péré sera sans aucun doute tout disposé à célébrer l'événement dans sa commune. Principal opposant au maire de Toulouse lors des assemblées de Toulouse-Métropole, le maire de L'Union -la bien nommée- avait abrité les longs week-ends de tractations des différentes composantes d'Archipel en 2020. Il siège aussi désormais au conseil départemental en électron libre, un coup dans les bras de Vincini, un coup... sur les doigts.