Dans les évangiles, Jésus annonçait la destruction du temple.
Le temple c'était un drôle de système. Plus vous êtes impur - une femme par exemple - plus vous restez à l'extérieur. Plus vous êtes pur – prêtre - plus vous pouvez vous avancer vers le centre, en passant plusieurs, pièces.
Et au centre, il y a le saint des saints, le secret, le très sacré.
Cette pièce ne renferme pas de statue d'une divinité comme dans les cultes païens, mais l'arche, ou coffre de l'alliance, qui représente la présence de Dieu.
Seul le grand prêtre peut y rentrer chaque jour.
Hier, il y avait, non pas un ou trois cercles comme dans le temple d'Israél mais cinq cercles.
Cinq cercles de policiers, de pompiers, de bien étranges athlètes chinois pour protéger la flamme olympique.
Et finalement, la flamme fut protégée dans un bus, coffre moderne, arche de l'alliance contre-nature entre la charte olympique et la dictature chinoise.
Mais comme dans la prévision de Jésus, le temple s'est effrondré.
Un journaliste a employé hier pendant la journée l'expression de « chemin de la croix » de la flamme olympique.
Mais il ne l'a pas utilisé longtemps.
Car le chemin de croix, c'est quelqu'un sans arme qui va jusqu'au bout pour annoncer que le temple s'effondrera et sera reconstruit en trois jours. Et que le temple c'est son corps, c'est lui. Et qu'au bout, c'est la résurrection, la défaite de la mort.
Evidemment, la flamme, avec ses 5 rangées de policiers n'a pas grand chose à voir avec ça.
Il ne faut pas pousser, les manifestants qui tentaient de s'en approcher, ce n'était pas ça non plus. Mais c'était en tout cas une vraie démarche non-violente.
Aucune chance d'arriver à toucher la flamme.
Mais se coucher par terre, sur la parcours, pour être indubitablement dégagé par les CRS.
Tendre un autocollant dès le départ de la flamme et crier « Liberté en Chine » au milieu des officiels, comme l'a fait Sylvain Garel, président du groupe vert au Conseil de Paris, et être brutalement arrêté,
tenter de se lancer, avec aucune chance d'y arriver, pour rejoindre la flamme.
Ce sont des gestes, sans armes, en sachant qu'on va prendre des coups,
des gestes de non-puissance qui montrent, rendent visible toute la force et la violence qu'il faut déployer pour protéger ce symbole néo-païen, protégée dans ce saint des saints,
ce symbole de jeux olympiques qui ont + à voir avec les contrats qu'espèrent les pays occidentaux sur le marché chinois qu'avec le sport et l'esprit olympique.
Prendre ce risque, prendre des coups, pour qu'un jour, la liberté soit plus forte que les puissances de mort en Chine et au Tibet.
40 ans après l'assassinat de Martin Luther King, c'est le plus bel hommage qui pouvait être fait à sa démarche non-violente, à sa dénonciation de l'idolâtrie de l'argent dans le système capitaliste, à son combat de la liberté de tous.