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Ancien journaliste, militant écologiste, éthicien, pasteur de la Mission populaire à Montreuil (93), habite à L'Ile-Saint-Denis

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Billet de blog 10 avril 2008

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Pour une polémique sans fin !

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Suite des ennuies, dont vous parlait Médiapart avant-hier, de Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat de l'environnement avec les députés UMP pro-OGM.

Hier, elle lâche dans le journal Le monde :

«J’en ai marre d’être confrontée à une armée de lâches. Il y a un concours de lâcheté et d’inélégance entre Jean-François Copé [...] et Jean-Louis Borloo »

Colère du premier ministre. « Elle s'excuse ou elle est virée » tonne le premier ministre. La Ministre de l'environnement s'excuse.

Et le Premier Ministre conclue, relayé par son porte-parole : « «l’incident clos».

Ah, bon c'est clos ?

Ça serait pourtant intéressant de savoir pourquoi Jean-Louis Borloo ne se mouille pas dans ce débat. Peur d'assumer le reniement de ses promesses sur le Grenelle de l'environnement ?

Ce serait intéressant de savoir pourquoi Jean-François Copé, président des parlementaires UMP, n'arrive pas à faire que les députés défendent les positions de l'UMP. Quelle influence des lobbies céréaliers, du maïs, des entreprises comme Monsanto, sur les choix des députés ?

Mais voilà, de là-haut, la phrase tombe : « l'incident est clos ». Silence dans les rangs.

C'est une nouvelle manifestation d'un syndrome dont jamais parlé il y a quelques mois dans le mensuel protestant libéral Evangile et Liberté.

Alors que des journalistes l’interrogeaient sur son séjour dans une luxueuse résidence américaine, Nicolas Sarkozy répondit : « Je suis venu à Wolfeboro parce que j'ai des amis qui y viennent depuis des années. Ils ont loué une maison et nous y ont invités. Point. Il n'y a pas de polémique ».

Ce syndrome, c'est celui du « et puis c'est tout », expression fétiche de la marionnette de Philippe Lucas, l'ancien entraîneur de Laure Manaudou.

On est tous tenté par le « Et puis c'est tout », « l'incident est clos » etc.

Mais dans la bible que voit-on ?

Une histoire de l'humanité qui commence par une polémique, quand le serpent demanda à la femme : « Dieu a-t-il réellement dit : vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ».

Des espiègles qui discutent systématiquement le choix fait par Dieu de leur donner le titre de prophète, certes glorieux, mais pourvoyeur d‘emmerdes sans fin. Abraham qui négocie tête par tête le nombre minimum de justes dans Sodome pour éviter la destruction de cette ville à la réputation surfaite. Jonas qui part systématiquement dans la direction opposée à celle voulue par Dieu…

Bref, Dieu nous offre ce cadeau : bien vouloir consentir à une polémique sans fin avec son humanité.

Et c'est comme ça que nous apprenons à connaître Dieu, à actualiser en permanence son message dans nos vies, c'est comme ça que nous apprenons à nous connaître.

Les protestants ont traduit ce cadeau en refusant les dogmes, en donnant toute la place au débat, à la polémique, dans la vie de la foi et de la théologie.

Ils ont participé ainsi à la naissance de l'esprit démocratique.

Alors même que Dieu consent à polémiquer sans fin avec son humanité, quelle prétention incroyable il y a dans ces « Et puis, c'est tout » ou ces « la polémique est close ».

Heureusement, ça ne marche pas. Que la polémique continue !

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