stephane lavignotte (avatar)

stephane lavignotte

Ancien journaliste, militant écologiste, éthicien, pasteur de la Mission populaire à Montreuil (93), habite à L'Ile-Saint-Denis

Abonné·e de Mediapart

137 Billets

6 Éditions

Billet de blog 11 octobre 2010

stephane lavignotte (avatar)

stephane lavignotte

Ancien journaliste, militant écologiste, éthicien, pasteur de la Mission populaire à Montreuil (93), habite à L'Ile-Saint-Denis

Abonné·e de Mediapart

Testostérocratie ?

La démocratie, a priori, c'est un système simple. On élit des personnes qui font ce que la majorité est censée vouloir, la légitimité c'est la volonté populaire.

stephane lavignotte (avatar)

stephane lavignotte

Ancien journaliste, militant écologiste, éthicien, pasteur de la Mission populaire à Montreuil (93), habite à L'Ile-Saint-Denis

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La démocratie, a priori, c'est un système simple. On élit des personnes qui font ce que la majorité est censée vouloir, la légitimité c'est la volonté populaire.

Alors on fait des élections. Ces personnes se présentent en disant ce qu'elles veulent faire, un programme. Si elles sont élues, elles sont invitées à l'appliquer.

Ce programme que veut la majorité peut entrer en contradiction avec ce que veut une minorité, qui peut être particulièrement concernée par ce que veut la majorité.

Dans le pays, il y a des groupes qui peuvent avoir des intérêts contradictoires.

Alors, il n'y a pas que les élections, il y a les négociations.

Il peut aussi y avoir un sujet qui arrive dans l'actualité, et qui n'avait pas été prévu au moment des élections. Alors il y a la direction politique qui s'est exprimée au moment des élections, les sondages, les manifs, les pétitions, le débat public, et encore les négociations pour savoir quoi faire en respectant la volonté populaire.

Dans le cas de la réforme des retraites, Nicolas Sarkozy avait dit pendant les élections qu'il ne toucherait pas à la retraite à 60 ans. Ce n'était pas dans son programme.

Il n'y a pas eu de négociations avec les syndicats qui représentent les salariés. Les sondages disent qu'une majorité de la population est opposée à la réforme proposée.

Il y a des millions de gens dans la rue contre la manif, et des tonnes de pétitions.

Bref, tous les signaux disent que la volonté populaire est opposée à la réforme, tous les mécanismes de la démocratie sont au rouge. Mais le gouvernement va faire la réforme.

Mais pourquoi donc ? C'est sans doute Christine Lagarde qui a donné le fin mot de l'histoire. La ministre française de l'Economie sur la chaîne américaine ABC a estimé que les femmes «projettent moins de libido et de testostérone» en politique comme en affaires. «Je généralise et je suis sûre qu'il y a aussi des femmes qui agissent comme cela» dit la Ministre mais pour elle, «cela aide dans le sens où on ne va pas nécessairement investir nos egos dans une négociation, en imposant notre point de vue, en humiliant notre partenaire».

Comment ne pas penser aujourd'hui que le président de la République est dans cette impasse là : investir son égo, et celui de sa majorité très masculine et vouloir imposer son point de vue, au risque d'humilier son partenaire, et en l'occurrence, pas seulement les syndicats, mais aussi la majorité de la population et c'est plus grave car normalement la légitimité de ses décisions devrait être issu de cette majorité.

A voir le style du président depuis le début de son mandat, pas de doute que s'y investit beaucoup de libido, de testostérone et d'égo, du « on va vous passer tout ça au Karcher » au « Casse toi pauv' con » en passant par le style très personnel de ses discours.

Déjà quand cela reste dans la surface du marketing médiatique, ça pose des questions.

Bien sûr, il y a toujours, quoi qu'on en dise, le sentiment, la fierté, l'estime de soi, rentrent toujours en ligne de compte dans la décision politique.

Mais quand cela devient l'élément principal qui fait ou non la décision politique, cela pose carrément problème : est-ce que ce n'est pas le mécanisme démocratique lui-même qui est altéré ?

Certes, ce n'est pas encore la dictature, mais l'égocratie, la testostérocratie, est-ce que c'est encore tout à fait la démocratie ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.