Un ton tout petit mot pour dire ma tristesse après la mort de Daniel Bensaïd. Invité par Philippe Corcuff et Lilian Mathieu, j'ai rejoint il y a quelques années le comité de rédaction de la revue Contretemps, qui en proximité alors avec la LCR, voulait faire dialoguer la gauche radicale. Moi qui était écolo et libertaire, pasteur, protestant, non-marxiste, non-communiste, non-révolutionnaire, non-trotskyste, je me demandais ce que j'allais faire là, alors qu'on était quelques années avant l'ouverture des portes avec le NPA : je me souviens de l'excellent accueil que me fit Daniel Bensaïd. Il faut souligner sa chaleur et son humour. Son incroyable capacité de travail, y compris pour les boulots ingrats d'une revue. Son écoute, qui le faisait toujours prendre en compte les idées de l'autre, et les discuter sérieusement, sans jamais les carricaturer. De ces réunions, j'aimais l'intelligence, des uns et des autres, jeunes ou plus vieux routier du débat intellectuel. Et là-dedans l'intelligence de Daniel. Grâce à lui, et avec Michaël Lowy, j'ai eu envie de redécouvrir ce qu'il pouvait y avoir de riche dans la pensée de Marx, à apprendre qu'il y en avait eu un jeune et un vieux, quelques unes des voies sans issues, mais aussi des pistes oubliées de sa pensée qui permettent d'ouvir des chemins dans les impasses d'aujourd'hui.
Moi qui suis théologien, je garderai en mémoire la protestation que j'élevais amicalement auprès de lui quand il publia "BHL, un nouveau théologien". Le bon dieu n'a qu'a bien se tenir, il y aura bientôt des pétitions au paradis...