En l’absence d’assurance du maintien de leur rédacteur en chef, convoqué par l’administrateur PDG Bernard Stephan, le 18 décembre, à un entretien préalable à son éventuel licenciement et devant l’incapacité de cet administrateur PDG à justifier d’obligations statutaires dans la société éditrice, les journalistes et salariés de Témoignage Chrétien, réunis en association* ont décidé, le 15 décembre, de ne plus reconnaître l’autorité de leur direction.
Ils ne répondent, donc, plus depuis cette date aux directives de Bernard Stephan, PDG, administrateur, illégitime à leurs yeux. Ils ont décidé en revanche, par respect pour leurs lecteurs, de travailler, de leur propre initiative, à la réalisation des prochains numéros.
Vous trouverez ci-dessous la lettre ouverte de l’Association des journalistes et salariés de Témoignage chrétien (Ajstc). Vous trouverez à ce lienune lettre de soutien aux salariés que nous avons signés - anciens journalistes, collaborateurs, etc. (j'y ai occupé le poste de l'information religieuse et je continue à y tenir une chronique biblique). Nous y alertions sur des faits emblématiques et inquiétants : "Le 26 février 2014, Témoignage chrétien publiait un entretien avec Jean-Marc Ayrault, premier ministre de François Hollande, mené par Jean-Pierre Mignard, codirecteur de la rédaction et... ami intime, avocat et conseiller de François Hollande. Quelques mois auparavant, ce même codirecteur commandait un article, sans en parler au rédacteur en chef de l’époque, sur un sujet plutôt singulier : la remise de la Légion d’honneur par François Hollande à... son ami Jean-Pierre Mignard (cet événement avait alors provoqué le départ du rédacteur en chef de l’époque, nommé moins de deux ans auparavant). Ces exemples suffisent à montrer la dérive dans laquelle Témoignage chrétien est entraîné depuis plusieurs années. Un journal qui a toujours eu comme trésor inestimable l’indépendance à l’égard des pouvoirs institués, quels qu’ils soient : politiques, religieux, financiers. Indépendance à l’origine de sa création, en 1941, autour du jésuitePierre Chaillet, quand il appela les chrétiens à résister au nazisme, tandis que le Vatican restait silencieux. Indépendance poursuivie, sur le plan religieux, pour défendre les prêtres-ouvriers, la place des femmes dans l’Eglise, le dialogue œcuménique et interreligieux ou la théologie de la Libération. Contre tous les conformismes et tous les intégrismes."
Un combat qui reste d'actualité et pour lequel se battent les journalistes de Témoignage Chrétien. Soutenons-les !
https://www.facebook.com/pages/Pour-que-vive-T%C3%A9moignage-chr%C3%A9tien/308150792709269?fref=ts
* L’Association des journalistes et salariés de Témoignage chrétien (Ajstc) est actionnaire de la SA Editions du Témoignage chrétien, société éditrice. Elle est représentée par son président au conseil d’administration de la société éditrice (actuellement de cinq membres).
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Lettre ouverte de l’Association des journalistes et salariés de Témoignage chrétien (Ajstc)
Mercredi 17 décembre 2014 – Contact : 06 72 07 07 30. jeanmichel dumay@gmail.com
« Sauver l’âme d’un titre »
« Nous, journalistes et salariés du journal Témoignage chrétien, luttons actuellement pour notre
indépendance, alors que sévit, dans notre société éditrice, une grave crise de gouvernance,
autant morale qu’économique et managériale.
Né des premières heures de la Résistance, en 1941, par la volonté d’un jésuite, antinazi viscéral,
le père Chaillet, TC a été, hier, aux avant-postes de bien d’autres résistances aux oppressions. Et
en première ligne de bien des dénonciations – le colonialisme, la torture en Algérie.
Hebdomadaire d’inspiration chrétienne ouvert aux autres religions et aux agnostiques, tant dans
son équipe rédactionnelle et salariée que dans son lectorat, ce journal d’information politique et
générale, aujourd’hui décliné en un site, une lettre hebdomadaire et, surtout, un supplément
mensuel d’actualité diffusé sur abonnement, est historiquement ancré à gauche. Et plutôt bien à
gauche et ouvert au débat.
Las ! Alors qu’il tente de survivre, le voici absorbé par les sirènes libérales et centristes, depuis
qu’il est en partie contrôlé par un ami de François Hollande, l’avocat Jean-Pierre Mignard, qui
pèse depuis deux ans sur son contenu en lissant, par ses choix éditoriaux, toute éventuelle
aspérité antigouvernementale.
Bien qu’actionnaire ultra-minoritaire (sa société d’avocats détient moins de 2% du capital),
Jean-Pierre Mignard co-préside de fait à notre destinée par un pacte d’actionnaires au contenu
resté illicitement secret pendant plusieurs mois et que nous n’avons pu obtenir que sous la
menace de saisir la justice (pacte qui, dans la configuration actuelle du conseil d’administration,
le place, vis-à-vis des règles de sa profession, dans une situation que nous laissons à son Ordre le
soin de juger).
Certes, un journal n’est pas que l’affaire de ses journalistes. Il est, ou devrait être, le fruit d’une
rencontre entre ses actionnaires et ses salariés, dont les journalistes (épaulés ici par de précieux
contributeurs bénévoles). Et ses lecteurs, bien sûr. Mais le fossé, à TC, a pris, au fil des ans, des
allures abyssales : un capital émietté et distant, qui fait que nul ne se sent vraiment plus
responsable, certains actionnaires préférant fuir plutôt que de se dresser ; une équipe de
salariés privés, surtout, de sens au travail, et vivant quotidiennement dans un climat délétère,
aux antipodes – un comble ! – des valeurs promues ; avec entredeux, une direction pesante sur le
plan éditorial, mais absente, tant en matière de développement stratégique que d’écoute et de
management humain – ce qui génère de la souffrance au travail. Concernant le contenu, Nombre
de lecteurs, eux, par leur courrier, réclament un traitement de l’actualité clairement positionné
politiquement. D’autres se désabonnent.
Mis à pied abruptement, lundi 8 décembre, le dernier rédacteur en chef de TC – à peine arrivé il
y a trois mois, le troisième en deux ans – est convoqué à un entretien préalable à son éventuel
licenciement. Il venait de demander, le jour même, en tant que président de notre association, la
démission des deux co-dirigeants qui se sont accaparé le titre au point de faire sauter le dernier
PDG, Jacques Maillot, lui aussi à peine installé depuis un mois dans ses fonctions. Nous exigeons,
fermement, des administrateurs son maintien. Pour qu’ensemble, actionnaires, salariés,
contributeurs bénévoles, nous puissions faire revivre, enfin, l’âme d’un titre qui, avant tout,
devrait être entièrement porté par ses valeurs, qui placent haut le respect de l’être humain et
sont plus que jamais d’actualité. »
L’Association des journalistes et salariés de Témoignage chrétien (Ajstc)