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Collectif d'étudiant-es engagé-es contre le projet du canal Seine-Nord Europe

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Billet de blog 15 décembre 2023

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Collectif d'étudiant-es engagé-es contre le projet du canal Seine-Nord Europe

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Rejoignez la mobilisation contre le canal Seine-Nord Europe

Alors que le canal Seine-Nord Europe, plus grand chantier jamais réalisé en France, se prépare sur les bords de l'Oise, un collectif d'étudiants-ingénieurs se mobilise aux côtés de citoyens et politiques pour demander un moratoire. Face aux impacts socio-environnementaux de ce grand projet inutile et destructeur, la première Fête de l'Eau se tient à Compiègne le samedi 16 décembre 2023.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Toutes les sources sont disponibles dans le document récapitulatif à la fin de l'article, ou sur ce lien.

Inutile, destructeur et hors de prix. Voilà six mots résumant le projet de canal Seine-Nord Europe, qui vise à développer le transport fluvial entre Compiègne (60) et Aubencheul-au-bac (59). Maillon de la liaison Seine-Escaut, ce projet s'inscrit dans la volonté de créer une "autoroute fluviale" entre Paris et les ports du Nord, dont Anvers et Rotterdam.

Pour résumer, ce canal vise à remplacer la voie fluviale existante mais sous-utilisée : il s'agit de faire plus gros pour permettre à des convois fluviaux de 185 mètres de long de transporter jusqu'à 4400 tonnes de marchandises (contre 800 aujourd'hui). Sur le papier, l'intérêt est de diminuer le nombre de camions circulant sur l'A1 en les transférant sur la voie d'eau. Une bonne idée, certes, mais qui se heurte aux prévisions des expertises indépendantes : d'après le rapport Massoni-Lidsky, près de 40% du trafic soutenu par le canal Seine-Nord proviendrait du fret ferroviaire, alors que seulement 3% du trafic routier serait transférable sur l'eau. Construire un mégacanal qui impacterait surtout le fret ferroviaire (mode de transport pourtant moins carboné), et ce alors même que le canal existant est sous-utilisé, en voilà donc une drôle d'idée. Mais bon, ce ne serait pas la première fois que des projets voient le jour sans que leur utilité réelle soit prouvée, et on pourrait aisément retourner vaquer à nos occupations si un tel chantier était sans impact.

Malheureusement, c'est tout le contraire : ce projet est une bombe socio-environnementale.

Sur le plan environnemental, les chiffres sont éloquents : plus de 3000 hectares "consommés", plus de 180 espèces protégées menacées (avec une autorisation préfectorale pour la destruction d'une cinquantaine d'entre elles, uniquement pour le secteur 1 des travaux), un bras de l'Oise rebouché, 5 millions de m3 de terre végétale excavée, etc. L'alimentation d'un tel canal nécessiterait la construction d'au moins une méga-retenue de 14 millions de m3 d'eau, soit 22 fois le volume de la mégabassine de Sainte-Soline. Un accaparement de l'eau dans une région déjà touchée par les sécheresses, alors même que le GIEC prévoit une intensification des événements climatiques extrêmes dans les années à venir, dont les sécheresses. 
Sur le volet social, ce projet vise à transformer les Hauts-de-France en véritable "hub logistique" (pour reprendre les mots de son président, Xavier Bertrand), et ainsi développer un secteur bien connu pour ses impacts nocifs pour les travailleurs (comme les travaux du sociologue David Gaborieau l'ont montré). Par ailleurs, le canal Seine-Nord représente une menace pour la petite batellerie, en favorisant la mise en concurrence et l'ouverture du marché aux grands bateliers étrangers. Le fret ferroviaire serait également touché, tout comme les éclusiers suite à l'automatisation de leurs outils de travail.

Nos arguments sont légions (nous n'avons pas abordé l'impact sur la vie locale ou la farce démocratique qu'est ce projet), et nous invitons le lecteur intéressé à lire l'argumentaire détaillé ci-dessous. Un tel projet, totalement financé par de l'argent public (plus de 5 milliards d'euros, au moins), devrait être reconsidéré et faire l'objet d'un moratoire, le temps d'organiser un véritable débat public et de développer une alternative à la hauteur des enjeux contemporains.

La contestation monte, à l'instar de la pétition que nous avons lancée au sein de notre école pour que l'UTC se retire du partenariat signée avec la société du canal Seine-Nord Europe. Plus de 400 étudiants-ingénieurs de l'UTC l'ont signée, ainsi qu'une dizaine d'associations étudiantes, et nous sommes des dizaines à nous mobiliser quotidiennement pour alerter la population locale et construire un contre-récit. Par ailleurs, la pétition des citoyens de l'eau, des riverains menacés d'expulsion par ce projet, dépasse la barre des 20 000 signatures.

Pour visibiliser notre lutte et sensibiliser la population locale, nous organisons la première Fête de l'Eau, ce samedi 16 décembre à Compiègne. Venez célébrer l’eau et le vivant, menacés par le canal Seine-Nord Europe ! A 13h ouvrira le Village de l’Eau, avec stands associatifs, jeux pour enfants, concerts et animations ! A partir de 14h30, se lancera une déambulation festive et engagée dans les rues de Compiègne, avant de revenir au Village de l’eau pour un super goûter !
Nous vous attendons nombreux·ses sur les Bords de l’Oise, au bout de la Rue du Chevreuil, à Compiègne (60200) !

Illustration 1
Affiche Fête de l'Eau
Argumentaire sourcé du collectif Stop Canal (Décembre 2023) © Collectif Stop Canal (pdf, 233.2 kB)

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