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Billet de blog 19 février 2024

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Établissements catholiques privés sous-contrat : Des royaumes de droit divin

Loin de la République, loin de l’État de Droit, à la vue de tous et pourtant si bien camouflés, se dressent de petits royaumes sur lesquels règnent quelques despotes de droit divin...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

  Établissements privés catholiques sous-contrat, des écoles avec les mêmes droits et devoirs que les autres ? Oui et non, cela dépend du bon vouloir du directeur, de la directrice. Loin du Droit du Travail, loin des Bulletins Officiels de l’Éducation Nationale, dans une Zone de Non-Droit où règne la loi du silence.

Près de 150 000 professeurs dans les établissements privés catholiques sous-contrat ; tous sont agents de l’État. Pas les directions, missionnées par l’Église, ni leur personnel de direction, sélectionné par accointances. Pour résumer, aucun lien hiérarchique entre professeurs et personnels de direction. Un détail, parfois, la porte vers les Enfers, d’autres fois …Car qui dit absence de lien clair, dit absence de réglementation. Ni les Rectorats, ni les Prud’hommes ne sont là pour superviser les choses. Un détail, parfois, une voie toute ouverte vers l’abus de pouvoir et le harcèlement envers les personnels de droit public souvent.

    Dans l'Enseignement Catholique, on ne compte pas ses heures. On ne les compte tellement pas, que d’un bout à l’autre de la France, les établissements qui n’ont pas les moyens - ou pas l’envie - d’embaucher du personnel d’encadrement en nombre suffisant requièrent des enseignants une multitude de tâches bénévoles : surveillance de la cantine, de la cour de récréation, ateliers divers et variés, cours particuliers, mais aussi réparation des locaux, repeinte des bâtiments et autres petites missions.

  D’aucuns répondront : « Il suffit de dire non ! ». Et c’est mal connaître l’Enseignement Catholique …Car si vous refusez, vous deviendrez un paria absolu. Nombre de collègues ne vous adresseront plus la parole. Ceux qui continueront de vous parler prendront soin de ne pas le faire devant les fenêtres ou autres vis-à-vis. On vous dénigrera auprès des élèves, des parents : “Machin, il ne s’investit pas, vous comprenez”.

 Vous pouvez accepter cet aspect de l’Éducation Catholique et jouer le jeu, accepter ces heures gratuitement travaillées en gardant le sourire. Certains sont même allés jusqu’à faire les courses alimentaires de leur directeur/directrice, par bon esprit. On ne tend pas le bâton pour se faire battre. Mais en ces lieux, nul besoin de refuser quelque mission bénévole pour devenir cible.

    Pour devenir cible à abattre, il suffit parfois que vous ayez la mauvaise couleur de peau, la mauvaise orientation sexuelle, le mauvais physique, les mauvaises mœurs, le mauvais âge, la mauvaise respiration, la mauvaise aura. On fera alors tout pour vous mettre à mort psychologiquement. On vous ostracisera, on ne vous parlera pas, on ne vous répondra pas. Mails, demandes de rendez-vous? Pas de réponse. C’est simple, on vous fera sentir que vous n’existez pas.

 Dans le même temps, vous serez également continuellement dénigré sur tout et auprès de tous : collègues, parents, élèves. On fera écrire des témoignages contre vous, dont vous ne connaitrez jamais ni les auteurs, ni le contenu, mais on s’en servira pour vous faire chanter de longues années durant. Présomption d’innocence ? Principe du contradictoire ? Ça n’existe pas ici. La petite cour de dénonciateurs calomnieux sera favorisée pour le choix des classes, des emplois du temps ou quelque autre petit privilège, quand ceux à qui ils s’en seront pris vivront l’expérience kafkaïenne d’être coupables sans savoir de quoi.

   Insultes à votre encontre ? Menaces de mort ? On ne vous soutiendra pas. D’aucuns pensent que le privé enregistre moins d’incidents graves que le public … C’est simplement que tout est caché, tu, gardé secret à un lourd prix humain. Professeur diffamé, insulté, menacé de coups, menacé de mort, frappé ? Sanctionner tout cela, mais pourquoi ? Porter cela à la connaissance des autorités, ne vous en avisez pas ! Que cette petite victime de prof prenne un arrêt maladie si elle n’est pas contente - et on tapera sur cette feignasse quand elle ne sera pas là. L’humain d’abord, oui, mais chez nous, certaines personnes ne sont pas des êtres humains.

    Quelques-uns des mécanismes qui poussent nombre de collègues jusqu’à la dépression, voire le suicide. Certains établissements créent même une deuxième salle des profs en hôpital psychiatrique, où les personnels en long arrêt maladie ont la surprise de se rencontrer.

Mettre fin à toute cette souffrance ? On en rêve.
Mais d’autres rêvent de mettre fin à tout être humain qui oserait parler.

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