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Billet de blog 29 août 2024

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Oui, chacun·e de nous est concerné·e

En réponse au billet d'elodie tuailllon_hibon https://blogs.mediapart.fr/elodie-tuaillonhibon/blog/280824/chacun-e-de-nous-est-concerne-e Une approche centrifuge, voire extérieure et statique nous désigne des oppresseurs. Un regard dynamique et autocentré rend la situation plus complexe et invite à l'introspection. Une culture est à remettre en cause.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cet brillant billet étant fermé aux commentaires, ma nouvelle addiction, j'écris donc ici une contribution.
Dans ce papier incisif, Me Tuaillon-Hibon se révolte contre l'oppression, sous toutes ses formes, contre tous les opprimés, dans un vibrant cri d'intersectionnalité. Et c'est très juste.

Il manque, cependant, une nuance : les opprimés parfois aussi oppressent; les oppresseurs, parfois, sont ou ont été opprimés. Les clichés à ce sujet sont légions, mais l'exemple qui me vient en tête est celui, vu à de nombreuses reprises, d'infirmières martyrisant une stagiaire... (et sans généraliser évidemment à toutes les infirmières, je choisi cet exemple pour sa forte féminisation).

Ce qui est nommé "adaptation" s'apparente plutôt à de la soumission. Et c'est très souvent la seule ou la moins mauvaise option.

Publié en 1574, le discours sur la servitude volontaire de La Boétie est stupéfiant.
Il n'est pas question ici de rendre les victimes responsables des actes de leurs bourreaux. Seulement de souligner combien la logique de domination/soumission, oppression/servitude, est profondément ancrée en nous dès le plus jeune âge. Les discussions de l'été sur ce forum au sujet du sport étaient bienvenues.
Le capital, le fric, comme étalon de cette hiérarchie est une conséquence, pas une cause : c'est juste la plus simpliste façon de se comparer.

Pour espérer changer une telle logique, la seule dénonciation de l'oppression (indispensable!) ne suffira pas, il faut interroger notre propre pulsion de domination. Nos blessures narcissiques qui la cristallisent comme le bain sociologique où nous évoluons.
Il nous faut cultiver d'autres formes d'affirmation de soi, par soi, pour soi.

C'est là que l'auteure nous propose un parti unique de gauche. Pourquoi pas, même si j'ai un doute : je préfère des individualités affirmées, et ouvertes à la discussion, qu'un moule. Mais surtout, un tel parti unique ne saurait s'envisager sans que chacun évalue sa propre volonté de dominer. La culture démocratique de la France Insoumise ne fait pas rêver. Ni l'attitude des cadres face à leurs membres qui cognent leur femme.

Peut-on arriver à gouverner, présider, sans vouloir dominer ? Pas avec cette constitution. Personnellement, j'ai toujours préféré mes chefs de service qui ne voulaient pas du poste.

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