L’arrivée aux portes du pouvoir du RN en France n’est pas uniquement le fait d’un groupuscule mû par un moteur d’idées anticonstitutionnelles, racistes, ultra-libérales et dont un des buts est de diviser, amplifier un climat de haine et de violence, aggraver les inégalités jusqu’à aliéner l’Homme par acculturation et dénaturation comme l’explique Johann Chapoutot, Professeur d’Histoire Contemporaine à la Sorbonne dans son ouvrage « La loi du sang« …
Pour qu’un moteur fonctionne, il lui faut du carburant. Ce combustible désormais hautement inflammable est diffus dans de nombreuses couches de la société française comme le mouvement des Gilets Jaunes l’a révélé fin 2018. Cette diffusion touche à présent toutes les catégories sociales, amplifiée, c’est une évidence, par la politique irresponsable d’Emmanuel Macron. Mais pour que le fascisme s’installe et perdure au point qu’il soit extrêmement difficile de s’en débarrasser une fois franchi un certain seuil de non-retour, il faut que ce moteur soit doté de courroies de transmission.
Hannah Arendt a bien montré l’importance des sans-grades (ou presque… ) dans sa trilogie « Les origines du totalitarisme » ou encore dans « Le procès Eichmann« .
Plus récemment le film « La zone d’intérêt » montre bien à quoi peut ressembler la vie d’un fonctionnaire obéîssant, les doigts sur la couture du pantalon, dans une dictature.
Cette « banalité du mal » se retrouve à tous les échelons hiérarchiques de l’administration mais aussi dans les grandes sociétés privées par porosité public-privé.
La gouvernance initiée par Macron a largement renouvelé ou mis au pas les cadres de l’Etat : préfets, recteurs, présidents d’universités, Directeurs des Systèmes d’Information, d’établissements scolaires, flics racistes et violents de tous grades, petits profs de quartier déclassés minables et aigris… Tous les secteurs de la Fonction Publique sont concernés.
Si Méndez ne devait citer qu’un exemple, le cas de Madame Frédérique Camilleri, d’origine libanaise, diplômée Sciences Po Paris / ENA (comme il se doit) est éloquent et très illustratif. Bardée de diplômes, elle est nommée en 2012 puis ensuite en 2019, DIRectrice-adjointe de CABinet du secrétaire général du ministère de l’Intérieur, Didier Lallement. Belle promotion. A partir de 2020, elle met particulièrement en valeur son efficacité en qualité de préfète des Bouches-du-Rhône avec une inflexibilité remarquée par… les syndicats de police qui la qualifient de « dure » (source Wikipedia)… Tout est dit. Tous ces haut-fonctionnaires contreversés seront à disposition d’un éventuel gouvernement RN qui pourra compter sur leur zèle, n’en doutons pas un instant.
Les fonctionnaires sont-ils « libres d’obéir » pour reprendre le titre d’un ouvrage très médiatique de Johann Chapoutot ?
« Face à un possible gouvernement d’extrême-droite, des cadres de l’Etat « tétanisés » » titre le journal Le Monde dans son édition du 15 juin 2024… Ce fait est malheureusement contrebalancé par une extrême-droitisation accélérée chez les hauts-fonctionnaires… s’interroge, inquiet, Ricardo Méndez…
Que dire enfin du rôle partisan d’une bonne partie de la presse française non indépendante qui participe activement à la banalisation et la respectabilité voire la virginité de façade du RN ? Mediapart a joué un rôle positif de même que quelques journaux encore indépendants comme Basta! ou Au Poste!. Néanmoins, ces médias vivent un peu en autarcie… et devraient, pour renforcer leur audience et leur crédibilité, inviter très régulièrement des universitaires qualifiés.
Les sciences, dures ou molles, sont dans les mains des universitaires, pas des journalistes… A chacun son métier.