En 2016, plus de 70 000 personnes ont été saisi ou écroué et malgré les 2,79 milliards de dollar investi, le système carcéral présente de dangereux défauts de fabrication. La prison… instance sans-cesse remise en question garde un secret honteux et sanglant.
Avec un taux d’habitation de plus de 117%, la France a de nombreux pas de retard sur le reste de l’Europe. Les prisonniers se plaignent de l’insalubrité, des rats, cafards et punaises. Non seulement les cellules sont inhabitables, mais le reste des équipements et des espaces l’est tout autant. Le gouvernement peine à trouver des solutions malgré un projet de construction de 14 600 nouvelles cellules, améliorant ainsi les conditions de vie.
Plus grave, les taux de suicides assomment les rapports. En 2015, 115 personnes meurent. Ce sont principalement des hommes, âgés de 15 à 59 ans.
L’enfer ne s’arrête pas là. 80% (en 2016) des détenus sortent de prisons sans papiers en bonne et due forme. 63% des anciens prisonniers se retrouvent emprisonné dans les 5 ans suivants. La France souffre de 59% de récidivistes… contre 20% en Suède.
Certains pourraient penser que ces gens manquent de volonté, de morale, de responsabilité… mais que faisons-nous pour eux ? 60% sortent de ces prisons sans métiers, 25% ont près de 15 euros pour vivre. Les logements sont souvent fournis par l’Etat et par certaines associations, amenant une solution concrète à leur tourmente. Une aide médicale peut leur être pourvue si leurs papiers sont en règles, ce qui n’est pas toujours le cas.
Alors que la prison est censée apporter justice, paix et aide pour ses occupants, la réinsertion reste difficile et un taux d’échec de 75% attend ces 70 000 personnes. Ils se heurtent à une population apeurée, méfiante, les préjugés défilant dans leurs têtes. Les entrepreneurs hésitent, s’interrogent, renoncent. La famille espère un homme nouveau, ne trouve qu’une pâle copie de leur idéal.
Il se pourrait que durant la détention, une formation puisse être donnée à tous, que des responsabilités puisse leur être distribuées, que la dignité renaisse de cette médiocrité crasse où l’insalubrité côtoie la place vide de l’espoir et où les humains hurlent silencieusement, le regard perdu sur cette cour grise, où la nature ne parvient même pas à croître, repoussée par la peur, les pleurs et la radicalisation.
« Je dis que ces voleurs possédaient un trésor […], je dis qu’ils ont le droit du fond de leur misère, de se tourner vers vous, à que le jour sourit, et de vous demander compte de leur esprit ; je dis qu’ils étaient l’homme et qu’on en fit la brute […] on a de la pensée éteint en eux la flamme : et la société leur a volé leur âme. »
Victor Hugo, Ecrit après la visite d’un bagne, 1853.