Bastien Vivès, auteur de bandes dessinées où il étale à longueur de pages ses fantasmes pédophiles et incestueux, se retrouve invité partout, jusqu’à avoir carte blanche pour exposer ses œuvres au Festival d’Angoulême. Face à la colère de nombre d’enfants victimes devenu-es adultes, de militant-es contre la culture de la pédocriminalité, si l'exposition prévue au Festival d'Angoulême a été finalement annulée, il a été défendu partout au nom de la liberté d’expression et de l’art, jusque dans les colonnes de Libé (il faut croire que la bonne vieille tradition d’offrir des tribunes à la militance pro-pédocriminalité comme le faisait Libé – et bien d’autres, des anarchistes à l’extrême-droite – dans les années 70, ça leur manque), au nom du « ce ne sont que des fantasmes, ce ne sont que des dessins, il n’est pas mis en cause pour des violences sexuelles sur enfants à notre connaissance ».
Un fantasme n’est qu’un fantasme et on ne devrait pas condamner quelqu’un pour ses fantasmes. Oui, tout à fait, entièrement d’accord. Mais la mise en dessins des dits fantasmes et leur publication, c’est déjà du passage à l’acte. Et quand quelqu’un qui a ce genre de fantasmes commet des petits passages à l’acte (publication de pédopornographie, propos récurrents qui banalisent l’inceste, la corruption de mineur-e-s…), et que la réaction c’est de lui dérouler le tapis rouge et l’encourager, le message que ça lui envoie, c’est que personne ne va l’arrêter dans ses passages à l’acte, parce que c’est toléré. Personne ne se pose devant lui pour lui dire que non, ça c’est pas correct, ça c’est interdit. A la place, on lui offre des tribunes, du soutien. Et ça, c’est ni plus ni moins qu’un encouragement à commettre d’autres passages à l’acte, qui vont aller crescendo. Il teste les limites, et au lieu de lui dire qu’il les a dépassées depuis longtemps, vous lui dites qu’il peut largement aller plus loin.
Et je dis « lui » mais c’est un phénomène global. Chaque fois que vous publiez, favorisez, encouragez, défendez ce genre de passages à l’acte, le message que vous envoyez c’est que la pédocriminalité, ça va, c’est acceptable, ça fait partie de notre culture. Et vous envoyez ce message à toutes les personnes qui ont des fantasmes pédophiles et s’interrogent sur leur droit, leur légitimité à passer à l’acte. C’est exactement de cette façon que vous participez à la culture de la pédocriminalité.
La liberté de provoquer dans l’art, de déranger, d’explorer des tabous, oui, mille fois oui. (J’ai été sauvée par le Lolita de Nabokov, je ne vais pas dire le contraire.) Mais on ne peut pas tout faire et laisser faire au nom de l’art. Banaliser et encourager les passages à l’acte pédocriminels au nom de l’art, c’est avoir bien peu de considération pour les enfants victimes… et pour l’art aussi, d’ailleurs. Si vous n’êtes pas capables de faire la différence entre une œuvre qui aborde le sujet de la pédophilie en interrogeant le rapport de notre société à cette question, les effets sur les auteurs et les victimes, la complexité psychique et sociale en lien avec ce thème et une œuvre qui est juste là parce que l’auteur avait envie de balancer à la face du monde ses fantasmes dégueulasses, par provocation et/ou pour tester les limites de l’acceptable dans ce domaine (avec des arguments de défense de sa bouse qui ne vont pas plus loin que « rhô ça va, ça met en scène des viols sur enfants mais c’est de l’hûmour ») , abstenez-vous de vous poser en défenseurs de l’art.
Parce que la vérité, c’est que ce que vous défendez, ce n’est jamais que le droit pour des adultes de fantasmer sur des enfants, de jouer avec, de les réifier, de les presser comme des citrons et de les jeter aux ordures une fois qu’ils en ont aspiré goulûment tout le jus.