Rien ne va plus en politique ? C’est en tous cas le sentiment que peuvent donner, parfois jusqu’à la nausée, la crise de l’UMP, les abandons socialistes et les contradictions écologistes, comme si le système politique était en bout de course. D’ailleurs, comment interpréter le (quasi) silence des partis de gauche face aux déboires de l’UMP ? Faut-il y voir une pudeur polie devant des conflits aux proportions inattendues ? Ou s’agit-il d’un véritable malaise parce qu’en fin de compte, mis à part les spécificités de chaque force politique et sans nier bien sûr leurs différences et leurs oppositions, cette crise-là concerne tous les partis ? Ainsi, on lit dans L’Humanité : « Sans forcément vouloir, comme l’a exprimé la semaine passée la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem, une ‘‘opposition constructive’’, requinquée, tous ont intérêt à une sortie de crise qui grandisse la politique. » Ne serait-il pas surtout nécessaire de changer de République ? En apparence, il n’y a pas grand-chose de commun entre les différentes crises - celle du leadership de la droite, celle du cap austéritaire du gouvernement et du PS, et celle d’EELV, qui n’a pas les moyens de changer des orientations qui ne lui conviennent globalement pas… Et si, au contraire, la situation actuelle pouvait être abordée comme un tout ?
Une crise globale de sens
Ce qui marque plus que jamais l’actualité politique telle qu’elle est médiatisée, c'est la place prise par les questions d’ambitions personnelles et les querelles d'ego, les jeux d’alliances et d’oppositions entre groupes hostiles, ou encore les règlements de compte liés au passé. Ces jours-ci, les aventures de l'UMP ressemblent au plus gore des aventures de la famille Borgia, les vrais enjeux stratégiques de la politique papale en moins. Et quand nous ne sommes pas occupés par les derniers communiqués des seconds ou troisièmes couteaux des deux clans en présence, l'actualité est saturée soit par les faits divers et leurs traitements sécuritaires, soit par la course gouvernementale face aux nécessités économiques et sociales. Bref, lorsque les politiques ne sont pas des requins luttant pour leur survie, dans un combat à mort entre chefs (mort symbolique, mort politique, disparition annoncée ou souhaitée), ils sont des pompiers agissant toujours dans l’urgence, et sans recul. Dans le même sens, les chaînes télévisées d'information, qui se targuent de nombreuses plages horaires dédiées à la confrontation entre spécialistes, ne donnent à voir le plus souvent que des affrontements superficiels, avec pluralisme très limité, c’est-à-dire une absence, sauf exceptions, des pensées critiques.
Le traitement du dossier sur l’avenir de Florange est ainsi centré sur l’opposition entre Laurence Parisot, qui considère que la nationalisation serait un « scandale », et Arnaud Montebourg, en chevalier de la défense de la « production française », courageux mais brouillon. Mais un sujet qui fâche reste pour le moment totalement ignoré : l’État viendrait une fois de plus socialiser les pertes d’une entreprise désireuse de fermer des branches non suffisamment rentables, avant une re-privatisation des bénéfices !
Ces affrontements stériles, ces non-débats, cette course à l’urgence sont un symptôme d’une perte globale de sens. On ne voit plus quels sont les contenus des affrontements et, les uns et les autres étant le nez dans le guidon de la réaction immédiate, aucun cap n’apparaît plus… et des illusions se forment. Par exemple, certains ont voulu croire que J.-Fr. Coppé serait un extrémiste tandis que Fr. Fillon serait un modéré. Même L’Humanité titre "Fillon tente de repolitiser la guerre des chefs à l’UMP" et annonce que cela « jette de fait les bases d’une possible recomposition de la droite ». Mais enfin, qui a oublié les politiques mises en oeuvre pendant le quinquennat Sarkozy, sous le gouvernement Fillon ? Et ne voit-on pas chaque jour aux côtés de l'ancien premier ministre le député Ciotti, ce redoutable démagogue libéral et sécuritaire qui s'était révélé pendant la campagne très droitière de Nicolas Sarkozy. A l'UMP, il n'existe pas une ligne UDF et une ligne RPR.
Les deux duélistes de l’UMP sont confrontés au même problème :
que proposer à la société,
après tant d’années de politiques libérales
dont l'échec est constaté par tous, ou presque ?
Contrairement à ce que veulent croire les commentateurs les plus médiatiques, la ligne de ‘‘fracture morale’’ (l’expression est à la mode) que certains croient déceler dans le rapport au FN n’est pas essentiellement une différence de stratégie mais une affaire de tactique. En résumé, si Fillon s’est exprimé contre un rapprochement avec le FN, là où Coppé en prépare le terrain, ce n’est pas pour mener des politiques différentes mais par effet d’affichage : l’un pense siphonner les voix de l’extrême droite sans alliance (tel Nicolas Sarkozy en 2007), l’autre pense qu’il faudra en passer par une alliance, ou qu’il faut au moins donner l’impression d’en être capable. Dans les deux cas, la porosité entre l’UMP et le FN est (pour le moment) moins une question d’alliance électorale qu’un combat dans les têtes, une question idéologique. Mais, quoi qu’il en soit, les deux duélistes sont en fait confrontés au même problème : que proposer à la société, après tant d’années de politiques libérales dont l'échec est constaté par tous, ou presque ?
La (prétendue) victoire des idées libérales
a comme ‘‘contrepartie’’ l’échec des politiques libérales
tandis que la victoire électorale des socialistes
est ‘‘contrebalancée’’ par la capitulation gouvernementale devant le libéralisme.
Du côté du PS, la crise de sens est aussi manifeste : dans une politique gouvernementale caractérisée par la volonté de coller aux solutions libérales, et par un manque de courage, visible par tous. D’ailleurs, il s'agit presque d'une philosophie politique dans la mesure où, avec des degrés divers, aucun champ de l'action gouvernementale n'échappe à cette frilosité : c’est l’actuelle marque de fabrique de la présidence hollandaise et du pouvoir socialiste. Même Christiane Taubira, qui représente une option de gauche au sein du gouvernement, a récemment entendu le Syndicat de la magistrature lui reprocher de se borner jusqu'à présent à un changement de ton, tandis que les orientations censées réorienter en profondeur la politique judiciaire sont en attente. Et que Manuel Valls domine l’ensemble du gouvernement.
Autre exemple, le ministre de l'Éducation nationale, Vincent Peillon se voit reprocher par le principal syndicat des enseignants du second degré, le SNES FSU, une critique du même acabit. Frédérique Rolet, sa secrétaire nationale souligne ainsi : « Le nouveau gouvernement, contrairement au précédent, a un discours positif sur l’Éducation (…). Mais, passé la bienveillante attente des premiers mois, la patience des collègues s’émousse et le mécontentement grandit. (…) On a le sentiment que le gouvernement n’a pas vraiment tranché avec la vision de ses prédécesseurs en matière éducative et que la refondation risque surtout de comporter des éléments revus et corrigés de la même veine qu’antérieurement. »(1)
Au total, tout le champ du débat politique est marqué par ce constat : la (prétendue) victoire des idées libérales a comme ‘‘contrepartie’’ l’échec des politiques libérales tandis que la victoire électorale des socialistes est ‘‘contrebalancée’’ par la capitulation gouvernementale devant le libéralisme. Du coup, peut-on parler d’une victoire des libéraux s’ils ne sont plus porteurs d’aucun projet de société ? Et peut-on encore parler de victoire de la gauche si la politique mise en œuvre est droitière ? Reste deux lignes politiques marginalisées médiatiquement : celle du Front national, sur le registre nationaliste, libéral, sécuritaire et xénophobe (avec un libéralisme caché par Marine Le Pen, qui sait qu’il y a là une faiblesse de son programme) ; celle du Front de gauche, engagé dans la construction d’une alternative politique, qui prend beaucoup de temps à devenir une dynamique politique.
Des mots qui signent des abandons
À gauche et à droite, les conflits et les contradictions sémantiques expriment aussi bien la crise de sens que l’impossibilité de renouveler la politique sur les bases actuelles. A propos de la droite, l’essayiste Christian Salmon explique (lire aussi l’encadré) : « De même que l'inflation monétaire ruine la crédibilité d'une monnaie, l'inflation d'histoires détruit à la longue la crédibilité du narrateur politique. C'est ce double phénomène qui explique la défaite de Nicolas Sarkozy. Loin d'en faire l'analyse, l'UMP a mis en scène un conflit d'ambitions, un débat entre deux styles ou deux tempéraments, occultant le profond clivage qui existe entre une droite "décomplexée", nourrie au lait néoconservateur qui flirte parfois avec l'extrémisme du mouvement ultraconservateur Tea Party, et un gaullisme social désormais hors sol. » Déplaçons le curseur : le gaullisme social est-il seulement ‘‘hors sol’’, ou a-t-il purement et simplement disparu ? Mais s’il a disparu, le ‘‘profond clivage’’ évoqué, entre deux courants, ne structure plus l’idéologie ni la vie politique à droite… et d’une certaine manière, tout à droite est à reconstruire (pour ceux qui veulent, bien sûr !).
Le même auteur, à propos du gouvernement socialiste : « Lorsqu'on examine les déclarations du gouvernement depuis six mois, on constate une oscillation entre deux champs lexicaux très différents qui suggèrent au moins deux lignes narratives : l'appel au "patriotisme économique" et "l'esprit de conquête". Le premier de ces récits est un récit de guerre (…). Le second de ces récits, c'est l'épopée des "inventeurs" qui évoque un nouvel âge industriel dont les héros seraient les ingénieurs, les techniciens, les créateurs... (…) A première vue, on peut penser que la geste guerrière, d'inspiration néolibérale, s'oppose à l'épopée de l'ingéniosité, dans sa version néorooseveltienne. Mais il y a d'autres versions de chacun de ces récits ; ce qui multiplie les combinaisons et les contradictions possibles. (…) Entre tous ces récits, la gauche ne veut pas choisir. Elle est dans la situation du Bartleby de Melville qui répond en toute situation : "Je préférerais ne pas..." Faute de choisir entre ces différentes lignes narratives, la "gauche Bartleby" multiplie les couacs et les équivoques. On ne peut être à la fois Achille et Ulysse, a fortiori Reagan et Roosevelt.. Or ces deux postures cohabitent dans le discours des socialistes. Parfois, c'est l'une qui prend l'ascendant sur l'autre. Parfois, elles se confondent donnant naissance à un hybride affreux. » Plus simplement, ne peut-on constater qu’au-delà des oscillations de langage, il n’y a tout simplement plus de projet socialiste, ni social-démocrate ? Et en définitive, aller au bout de l’analyse des contradictions actuelles du PS ne conduit-il pas à constater que le PS abandonne l’intention même de changer les choses ?
Horizon, où es-tu ?
Au-delà de la perte global de sens et des contradictions qu’elle engendre, un autre élément caractérise globalement le spectre politique : le déficit d’horizon à proposer à la société. Si au moment de la campagne présidentielle a été peu ou prou présente l’idée d’un avenir différent à concrétiser, nous nageons aujourd’hui dans un ‘‘réalisme immédiat’’. La mise en scène permanente de l’urgence, fortement véhiculée par les médias, semble interdire de se projeter. Tout se passe comme si on n’envisageait pas que les citoyens soient capables d’entendre parler d’avenir et de concevoir qu’une action politique dans la durée soit nécessaire pour changer de cap (on nous a tellement habitués, il faut dire, à reporter sine die les lendemains qui chantent). On ne risque pas de leur proposer d’être acteurs des choix politiques !
Les ministres font donc le grand écart permanent entre des dossiers chauds, comme ceux sur l’emploi cette semaine, et le vague rappel des ambitions portées par François Hollande. Mais les mesures annoncées sont faites pour une prétendue opérationnalité immédiate – car il faut répondre à l’injonction médiatique : que faites-vous, là, tout de suite ?
Du côté des forces politiques de la gauche d’alternative aussi, peu d’expressions publiques concernent l’avenir et proposent un horizon. Ainsi, la communication du Front de gauche (par exemple celle contre l’austérité) et de ses composantes en reste le plus souvent à une vague référence, assez formelle, à un besoin d’autre chose. Or, la question de l’horizon pourrait être un discriminant important entre la gauche qui ne renonce pas à rompre avec le libéralisme et l’ensemble des forces politiques dominantes. Cela peut se décliner sur deux axes au moins : d’une part, pour souligner les contradictions entre les politiques mises en œuvre et la vocation des politiques, telles qu’elles sont décrites dans les projets et les programmes des partis ; d’autre part, pour contribuer à unifier les luttes, les combats séparés, à travers des valeurs et une recherche communes, qui les désenclavent là où les libéraux souhaitent toujours diviser les citoyens. Bref : embrasser l’horizon, c’est mettre de côté les œillères qui empêchent de voir que beaucoup d’autres subissent les mêmes logiques et que des intérêts communs peuvent être partagés.
Pas d’utopie, pas d’espoir
Dans la continuité du déficit d’horizon, l’absence d’utopie et d’espoir caractérise aujourd’hui globalement le champ de la politique partisane, et au-delà. Pourtant, est-il absolument mécanique que la situation économique et sociale, les crises multiples qui font l’actualité interdisent de voir l’avenir dans des couleurs sombres ? On comprend que raisonnent ainsi les discours qui visent à justifier l’austérité : il parait difficile de porter à la fois la réduction des dépenses et des services publics, l’augmentation des prélèvements fiscaux des classes moyennes pour combler la dette, et un avenir positif ! L’affichage d’un futur radieux serait aux yeux de beaucoup un élément cynique, un mensonge de plus. Ainsi, durant sa campagne électorale, le futur président de la République s’était attaché non pas tellement à ne rien promettre - il avait bien un catalogue de propositions ! - mais à ne pas proposer de voir l’avenir en rose.
Réhabiliter l’espoir
devrait être un puissant moyen de différencier la droite de la gauche.
Un problème crucial concerne le langage politique,
après 30 ans de décervelage libéral.
À l’inverse, côté gauche, réhabiliter l’espoir a été durant longtemps, et devrait être, un puissant moyen de différencier la droite de la gauche. Un problème crucial concerne alors le langage politique, alors que trente ans de décervelage libéral ont largement amputé le vocabulaire de mots capables d’exprimer le besoin de transformation. Ainsi, Christian Salmon explique : « Face à ce cryptage des enjeux de la crise, repris en boucle par les médias, la gauche peine à trouver ses mots, louvoyant entre le "choc" et le "pacte", le "coût" et le "prix" du travail, les "charges" sociales et les "cotisations". Elle se révèle incapable d'opposer un récit de la crise alternatif au récit véhiculé par les médias. (…) Le changement ne se heurte donc pas seulement aux contraintes budgétaires et européennes, il est prisonnier du langage, pris dans des filets rhétoriques tissés depuis trente ans par la révolution néolibérale. La gauche se trouve dans la situation de ces élites colonisées contraintes de traduire leur expérience dans la langue du colonisateur. Elle subit une forme d'acculturation néolibérale. Lorsque Pierre Moscovici qualifie de "révolution copernicienne" le ralliement du PS à la baisse du coût du travail, il confond révolution copernicienne et aller à Canossa. » On peut être d’accord, mais encore faut-il souligner que le PS n’est pas la gauche, qu’il existe le Front de gauche, qui chemine pour proposer autre chose et d’autres mots.
L’enjeu pour la gauche d’alternative
est de reconstruire un lien de continuité
et une cohérence entre les luttes de résistance, la critique des politiques libérales,
un horizon politique nouveau
et une utopie qui seule ouvre le champ à de nouveaux possibles.
On doit certes ne pas oublier qu’avec l’effondrement du soviétisme, la promesse de lendemains radieux a eu du plomb dans l’aile, et que la défiance envers les idées de transformation sociale, de révolution est allée de pair avec la défiance envers les idéaux. Mais précisément, l’enjeu pour la gauche d’alternative est de reconstruire le lien de continuité et la cohérence entre les luttes de résistance, la critique des politiques libérales, un horizon politique nouveau – auxquelles peuvent être rattachées des propositions de rupture – et une utopie qui seule peut ouvrir le champ à de nouveaux possibles.
Enfin, on ne peut taire qu’une telle approche se heurte aux freins qui tuent la politique : le refus de traiter de front la crise des formes traditionnelles de la politique et de la forme partidaire, la crise de la représentation politique et, en définitive, le déficit d’innovation dans le champ de la participation directe des citoyens pour orienter les choix de société. Sans avancées sur ces terrains, la culture politique dominante, les logiques de dépossession continueront d’occuper tout l’espace politique.
Gilles Alfonsi, 30 novembre 2012
Une fin de régime politique
Lorsqu'un processus électoral ne permet ni de clarifier une ligne politique ni de légitimer le vainqueur, alors c'est le système représentatif qui entre en crise. François Bayrou l'a bien senti qui a comparé la situation actuelle avec la fin de la IVe République. Autour de la crise de l'UMP plane un air de fin de régime ; un certain régime du politique s'achève dont Nicolas Sarkozy serait l'épilogue.
Cet épilogue coïncide avec la fin de trente ans d'hégémonie idéologique du néolibéralisme, de même que la défaite de Giscard d’Estaing, en 1981, fut l'épilogue politique des "trente glorieuses". C'est à la fois la fin d'un régime dans le sens politico-institutionnel - l'hyperprésidentialisme et l'affaiblissement des contre-pouvoirs, mais aussi l'épuisement d'un certain régime de "croyance" dans le politique, c'est-à-dire le crédit que l'on fait aux hommes et institutions politiques.
(…) En 1979, soit deux ans avant l'arrivée de la gauche au pouvoir, Michel Foucault affirmait qu' "il n'y a pas de gouvernementalité socialiste autonome". Selon lui, le socialisme ne pouvait exercer le pouvoir que "branché sur une rationalité qui n'est pas "socialiste" mais "libérale", voire "néolibérale" et, à ce moment-là, le socialisme et ses formes de rationalité jouent simplement le rôle de contrepoids, de correctif, de palliatif". François Hollande ne dit pas autre chose. Dans une interview au Monde du 1er novembre, il déclarait : "Je pense que pour la France, c'est mieux que ce soit la gauche qui fasse cette mutation, qu'elle le fasse par la négociation, dans la justice, sans blesser les plus fragiles ni les déconsidérer. Les autres l'auraient fait sans doute, mais brutalement.." Les socialistes seraient donc porteurs d'une "mutation" tempérée. Mais de quelle mutation s'agit-il ? Un "changement du monde", a dit le président. C'est vague comme définition.
dossier établi par Gilles Alfonsi, 30 novembre 2012
Extraits de ‘‘UMP Tea Party, PS Bartleby’’, de Christian Salmon, Le Monde du 24 novembre 2012.
Dossier de Cerises n° 161