Une soirée de poésies, une semaine de musiques, un mois de rencontres, un été libéré des contraintes quotidiennes : comment faire rentrer dans la vie ce que nous ressentons parfois pour un instant ?
Nous avons eu envie de rencontrer des acteurs du monde artistique et de l'éducation populaire pour savoir ce qui motive leurs combats et comment ils imaginent une gauche culturelle. Les réponses plurielles, radicales et humaines qu'ils livrent à notre petit questionnaire sont autant des constats argumentés que des appels à l'action. Ils dévoilent, une fois n'est pas coutume, que le secteur artistique et de l'éducation populaire ne pourra se contenter de mesures partielles, de pansements provisoires. Prendre les choses à la racine, c'est remettre les buts au cœur de nos actions. Et, ici, le but, c'est l'émancipation humaine.
Les temps de la création, de l'intelligence partagée et de la rencontre citoyenne interrogent toute la société. Ils sont des outils indispensables à toute transformation sociale et écologique, des leviers pour révolution citoyenne, des parcelles de déjà-là d'un monde à inventer. Pourquoi admettre l'appropriation des imaginaires par une minorité sociale ? Pourquoi garder en l'état une institution théâtrale qui reproduit bien souvent les inégalités ? Pourquoi laisser libre champ à l'industrie culturelle qui impose ses normes et ses critères ? Pourquoi rester sans voix face à l'appropriation des savoirs, notamment scientifiques, par une classe sociale ? Pourquoi accepter une éducation populaire sans boussole et ni budget ?
Face à tout ces défis, nos invités de ce numéro estival ne manquent pas d'idées. Notre nouvelle ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, dit vouloir engager une vaste concertation. Nous sommes prêt à y participer pour faire avancer pied à pied un autre rapport à l'action publique.
Avec d'autres, les communistes unitaires défendent une construction citoyenne de la société mais aussi du Front de gauche. Sans une œuvre émancipatrice de grande ampleur il n'y aura que des solutions politiques de courtes vues, à la remorque des rythmes électoraux. Il ne s'agit pas pour nous d'éclairer le peuple mais bien au contraire que le peuple éclaire le futur. C'est bien de citoyens en mouvement et heureux de transformer la (leur) réalité dont le Front de gauche a besoin. Les actes quotidiens de cette révolution d'un nouveau genre seront portés par une poésie partagée, une création tous azimuts, un savoir vivant et accessible. L'été toute l'année !
* Laurent Eyraud-Chaume
Edito du numéro 149 de Cerises. Numéro complet ici