A situation inédite, dénouement incertain. La nouveauté de la situation politique ne réside pas dans la violence patronale - qui a cependant augmenté d’intensité -, mais dans la position défensive, démissionnaire et à certains égards complice, du gouvernement socialiste face au Medef.
Pour les syndicats de salariés comme pour les forces de la gauche d’alternative, pour un très grand nombre d’électeurs socialistes et écologistes - qui reçoivent les derniers épisodes de ‘‘frilosité’’ gouvernementale comme autant de douches froides -, cela appelle un nouveau débat stratégique. Concrètement, la relance d’une mobilisation citoyenne, la plus unitaire possible mais sur des bases fortes (et non seulement sur les plus petits dénominateurs communs), d’actions de résistance et de luttes pour des ruptures avec le régime libéral est à l’ordre du jour.
Une alternative, un autre horizon
Quand l’option libérale devient de plus en plus anti-démocratique,
imposant aux peuples toujours plus d’austérité, de misère ;
quand l’option social-démocrate disparaît...
l’idée qu’il faudra une mobilisation populaire
pour changer l’ordre des choses marque des points.
Mais un des sujets majeurs de réflexion et d’initiative devrait concerner la construction d’une alternative politique. En effet, si la seule proposition politique consistait à limiter la casse face à l’offensive patronale, sous prétexte que des avancées sociales seraient aujourd’hui “hors de portée”, alors les forces - aussi bien syndicales que politiques - se résigneraient de fait à aller encore une fois de reculs en reculs. Au contraire, c’est une action de construction sur le temps long qui pourra motiver plus de monde et modifier les rapports de force.
Sans mobilisation citoyenne massive, au-delà des postures indignées,
pour prendre le pouvoir, aucune alternative politique ne sera possible.
Une fois que les fils d’une option transformatrice - et non seulement défensive - commenceraient à être tirés, l’énorme pelote d’un changement d’horizon politique pourrait être déroulée : mise en cause de l’orientation mortifère de l’Union européenne et réorientation fondatrice de l’Europe ; relance des politiques publiques en faveur du développement humain et de la transition énergétique ; pouvoir des salariés et des usagers dans les choix stratégiques des entreprises ; développement de la recherche au bénéfice de l’humain et de la planète ; politique déterminée en faveur des populations des quartiers populaires ; rupture avec la mort lente du monde rural…
Dans une période de montée des tensions, où l’extrême droite et la droite extrême seront bientôt prêtes à fusionner pour des “solutions” toujours plus libérales et sécuritaires, le peuple des citoyens indignés peut devenir le peuple des citoyens qui transforme le monde. Rien de moins.
5 novembre 2012
Lire aussi dans le dossier spécial "Rapport Gallois" de Cerises :