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Billet de blog 8 novembre 2012

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Le gouvernement : entre démission et complicité

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Six mois après la victoire de F. Hollande, le gouvernement Ayrault semble sur un chemin de croix. A chaque étape, le renoncement est au rendez-vous, comme une mise en abîme sans espoir. Si l’option social-démocrate est défaite, toute la gauche est confrontée à l’enjeu d’un profond renouvellement idéologique.

L’affligeant propos de Jean-Marc Ayrault sur une éventuelle remise en question des 35 heures - « pas un tabou » -, ressemble à un ballon d’essai. Et si c’était un accident, il en dit long sur l’inconscient du Premier ministre. En même temps, il détrompe ceux qui envisagent encore, après l’adoption du traité Merkel - Sarkozy, que le gouvernement ait l’intention de gouverner pour le peuple, et non pour les détenteurs de capitaux.

L’enjeu est au-delà du débat sur l’efficacité économique des 35 heures, dont un rapport vient de montrer qu’elles n’ont pas dévalorisé le travail et qu’elles n’ont pas tiré les salaires vers le bas. Les quatre heures gagnées en 1998, après l’heure gagnée en 1981, sont du temps libéré du travail salarié. Et si l’on se situe sur le temps long, un retour aux 39 heures signifierait une rupture sur l’évolution séculaire de la durée du temps de travail hebdomadaire : nous avons en effet mis près d’un siècle pour passer d’une semaine de 40 heures à une semaine de 35 heures, en dépit de toutes les avancées technologiques, d’une productivité du travail sans précédent et d’un chômage de plusieurs millions de personnes.

Le rapport Gallois

Commandé par le Premier ministre, le rapport Gallois joue le rôle habituel de jalon dans la mise en place d’une politique, fût-ce pour faire comme si l’on voulait s’en démarquer. Au contraire de ce que laisse croire un débat pollué par de multiples questions secondaires, se joue un choix simple : soit le financement de la sécurité sociale continue de reposer sur la cotisation (ponctionnée au moment du partage entre profit et salaire), soit il repose de plus en plus sur l’impôt (CSG, TVA ou toutes autres nouvelles formes). La première option conforte le salaire contre le profit. La seconde légitime le profit et affaiblit le salaire, dans la (droite !) ligne de 30 ans de politiques défavorables au travail et bénéficiant au Capital. 

Au total, le gouvernement est engagé dans une affligeante mise en scène pour répondre aux demandes patronales. Est-il mu par la peur (des attaques boursières, annoncées par les banquiers et l’Allemagne) ? Ou n’a-t-il pas simplement rendu les armes face aux libéraux, se condamnant à enterrer purement et simplement la social-démocratie, comme vient de l’évoquer Jean-Luc Mélenchon ? Si tel était le cas (le conditionnel relevant ici d’un luxe de précaution) alors “la gauche” - “la gauche réformiste”, “la gauche qu’il faudrait aiguillonner”, “la gauche sur laquelle il faudrait tenter de peser par des amendements” - n’existerait plus. Le clivage droite - gauche comme résumé de toute la vie politique, qui a occulté l’affrontement entre le Capital et la société, aurait perdu sa principale force et serait à refonder sur une nouvelle logique, de nouveaux paradigmes. De fait, l’espace entre politiques libérales et alternative de transformation démocratique, sociale et écologique a t-il déjà été plus resserré qu’aujourd’hui, où l’option régulatrice s’efface à force de renoncements ?

Il n’existe plus de différences essentielles
entre politiques libérales et politiques de régulation à la marge.
Le gouvernement est donc dans une impasse.

Dans cette hypothèse, le gouvernement est dans une impasse totale, très loin des déclarations de campagne sur la mise au pas de la finance. Seule les échéances et les calendriers à venir sont inconnus : navigation à vue au gré des contradictions présentes dans la société (où les banquiers et les grands actionnaires ne lâcheront rien car ils jouent rien de moins que leur survie), renversement d’option par le départ de Jean-Marc Ayrault, crise existentielle de l’Union européenne (où se jouerait une refondation de ses orientations), fuite en avant libérale sur fond de démobilisation populaire...

5 novembre 2012

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Dossier spécial Gallois de Cerises

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