Nicolas Sarkozy vêtu de son costume de candidat, quoi qu’il en dise, n’y est pas allé par quatre chemins. Il garde le cap bien à droite, celui qu’exige de lui le capital financier. Jusqu’au bout seront prises les mesures antisociales (hausse de la TVA à 21,2%), jusqu’au bout seront offerts les cadeaux au patronat (baisse du coût du travail par la réduction des cotisations sociales) avec la conviction que ce qui est fait, à quelques mois de l’élection présidentielle ne sera plus à faire, en gageant qu’aucune alternance ne remettra en cause le fond de cette politique, ni ne remettra en chantier les mesures phares du quinquennat. Les propos de François Hollande sont plutôt de nature à rassurer, pas question de revenir sur tout ce qu’a fait N. Sarkozy depuis 2007, la réforme des retraites, la loi Bachelot, la réforme des collectivités territoriales… on ne détruit pas, on aménage.
Or, dans cette période de crise aigüe du capitalisme, il n’y a plus d’espace pour l’aménagement. L’urgence est que la gauche gagne l’élection et que soit convoquée dès le mois de juin une séance extraordinaire de l’Assemblée nationale consacrée à abroger toutes les lois néfastes des cinq années de sarkozysme et à adopter des premières mesures de rupture.
Il y a pour la gauche deux façons de perdre une élection : arithmétiquement, si elle n’a pas la majorité des suffrages ; politiquement, si elle accède au pouvoir et ne répond pas aux urgences sociales. Les conséquences d’un nouvel échec de ce type s’avéreraient extrêmement lourdes.
Le candidat socialiste espère emporter l’élection sur une position centriste, combien de fois a- t-on entendu cette maxime sociale-démocrate, « la présidentielle est une élection qui se gagne au centre. » Regardons y de plus près, les présidentielles de 1995, 2002, 2007 ont été perdues sur cette posture centriste, a contrario 1981 a été gagnée sur un positionnement de gauche.
Pour l’instant donnée gagnante dans tous les cas de figures au 2ème tour, la gauche ne cumule que 42 - 43 % des intentions de votes de premier tour. C’est son plus bas étiage depuis longtemps. Peut-on se satisfaire qu’un candidat se réclamant de la gauche l’emporte au mois de mai sur l’unique rejet de Sarkozy ? La gauche ne sera à nouveau la gauche que si elle est bien plus qu’une simple addition de suffrages portés sur un candidat.
Elle doit l’emporter à partir d’un corpus d’idées, de propositions s’inscrivant en rupture avec l’ordre dominant. C’est tout le sens de la campagne dans laquelle nous sommes engagés en utilisant la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Notre ambition : refonder un clivage gauche / droite, pour, cette fois, gagner politiquement.
Bernard Calabuig