numéro spécial du 11 juin 2012 en ligne sur www.cerisesenligne.fr
François Hollande en route pour avoir sa majorité
Selon les projections des instituts de sondage, le PS peut espérer conquérir entre 275 et 315 sièges le 17 juin, et EELV entre 12 et 16. Le Front de gauche pourrait obtenir de 13 à 18 sièges. À droite, l’UMP serait entre 237 et 277 et le Front national entre 0 et 2 sièges.
- Front de gauche ................... 6,7 %
- Parti socialiste ....................... 35 %
- Europe écologie Les Verts ....... 5 %
- Extrême gauche ............... - de 1 %
- UMP ................................... 35,3 %
- Modem ................................... 2 %
- Front national .................... 13,7 %
Battons la droite sans signer aucun chèque en blanc.
Ne lâchons rien !
Le Front de gauche très affaibli après le premier tour
Sur le papier, le Front de gauche est qualifié pour être présent au second tour dans les 15 des 19 circonscriptions où il avait un‐e député‐e sortant-e ; mais il est devancé par un candidat socialiste dans 6 d’entre elles. Ses candidats sont qualifiés pour le 17 juin dans 4 circonscriptions où il n’était pas sortant. Pour chacune de ces circonscriptions, voici les scores des 4 premiers candidats (souligné : les qualifiés pour le second tour, sans prise en compte des désistements ; une * pour les circonscriptions avec un sortant Front de gauche).
Paris et la petite couronne :
Plusieurs des députés sortants du front de gauche sont devancés par les candidats socialistes. C'est le cas dans les Hauts-de-Seine de Roland Muzeau (PCF) et Marie-Hélène Amiable (PCF), en Seine-Saint-Denis, de Jean-Pierre Brard (apparenté PCF), Patrick Braouezec (FASE). Idem à Paris pour Martine Billard (PG) et dans le Val-de-Marne pour Pierre Gosnat (PCF).
Sur la 11e circonscription de Seine-Saint-Denis, François Asensi (FASE) obtient 35,6%, devançant largement Stéphane Gatignon (25,2%), malgré l'alliance du PS et de EELV pour le battre.
Sur la 4e circonscription des Hauts-de-Seine, Jacqueline Fraysse obtient près de 30% des voix. Elle sera opposée à la droite au second tour.
Dans certaines circonscriptions où deux candidats de gauche sont arrivés en tête et peuvent seuls se maintenir, les désistements de part et d'autres 5PCF, PS, EELV) ne sont pas certains.
À suivre.

Métropole (hors Ile-de-France) :
Parmi les 19 sortants membres du groupe à l'Assemblée nationale, 10 venaient de circonscription de province. Seuls 6 candidats sur ces circonscriptions semblent en situation de gagner le 17 juin.

Front de gauche : la douche froide
Après le score du Front de gauche et de Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle (11,1 %), ce premier tour des législatives 2012 sera vécu comme un terrible échec, comme si la dynamique naissante, mais fragile, avait d’un coup suspendu son vol.
Est-ce à dire qu’elle n’a pas existé, cette dynamique ? On ne peut pas le croire, si l’on se remémore aussi bien les rassemblements auxquels elle a donné lieu que les discussions qu’elle a nourries, dans la plupart des milieux, et les thèmes qu’elle a imposés dans le débat public. Oui, cette campagne a eu lieu, et elle a signifié qu’il existe bel et bien, en France, un espace possible pour une gauche d’alternative sociale, écologique et démocratique. N’oublions pas, d’ailleurs, qu’un tel espace se remet aussi à exister dans bien d’autres pays de l’Union européenne. Nous verrons ce qu’il en sera en Grèce dimanche prochain, dans les circonstances dra matiques que l’on sait.
Cependant, quels ont été les messages du Front de gauche, ces dernières semaines ? Et d’abord, y a-t‐il eu un message du Front de gauche, une campagne nationale, pour ces législatives ? Chaque candidat a bien sûr tenté de tirer parti de la campagne qui venait d’avoir lieu (avec, peut-être, parfois, un excès de confiance ?). Mais nous en sommes sûrs maintenant, il n’y avait aucune automaticité entre la presidentielle et les législatives.
Force est de constater que les thèmes mis en avant pendant des mois, qui différenciaient nettement le Front de gauche du Parti socialiste sont passés au second plan ces dernières semaines, au profit de la course au rassemblement de “toute la gauche”. On en comprend bien sûr la logique : incarner le vote utile à gauche, pour mordre sur l’électorat socialiste. Sauf que la nécessité de voter Front de gauche risquait ainsi d’être gommée. En résumé : à quoi bon voter pour ces candidats-‐là si d’autres promettent en définitive à peu près la même chose en prévoyant d’être le groupe efficace pour mettre en œuvre la politique du nouveau Président de la République ?
Dans le même sens, à Cerises, nous avions constaté dans nos dossiers récents que la question du sens général du vote Front de gauche était marginalisée, et que la question du rôle des élus n’était pour ainsi dire pas traitée, au profit de contenus très programmatiques, sur lesquels les différences sautent peu aux yeux des électeurs (même lorsqu’elles sont substantielles).
Enfin, avec la candidature de Jean-‐Luc Mélenchon face à Marine Le Pen (qui avait bien sûr ses arguments), la campagne a aussi de fait été polarisée sur la lutte contre le Front national, au détriment du débat central qui a fait et qui peut faire la force du Front de gauche : l’alternative plutôt que l’alternance, une autre conception de la société plutôt que la gestion des effets sociaux des politiques libérales.
Après le succès de la présidentielle et l’échec de ses législatives, le Front de gauche est au pied du mur. Il doit se transformer en profondeur, s’ouvrir enfin à la participation directe des citoyens, se structurer dans la durée en engageant un travail d’aggiornamento idéologique qui fait trop défaut désormais pour qu’il puisse espérer continuer tel qu’il est. Surtout, il doit enfin aborder les questions éludées de la conception de la politique : une dynamique citoyenne ne pourra s’enraciner qu’en renouvelant en profondeur les formes et le fond de la politique... au-delà des apparences.
* Gilles Alfonsi
François Hollande en route pour avoir sa majorité
Selon les projections des instituts de sondage, le PS peut espérer conquérir entre 275 et 315 sièges le 17 juin, et EELV entre 12 et 16. Le Front de gauche pourrait obtenir de 13 à 18 sièges. À droite, l’UMP serait entre 237 et 277 et le Front national entre 0 et 2 sièges.
◆ Front de gauche ................... 6,7 %
◆ Parti socialiste ....................... 35 %
◆ Europe écologie Les Verts ....... 5 %
◆ Extrême gauche ............... - de 1 %
◆ UMP ................................... 35,3 %
◆ Modem ................................... 2 %
◆ Front national .................... 13,7 %
Battons la droite sans signer aucun chèque en blanc.
Ne lâchons rien !
Le Front de gauche très affaibli après le premier tour
Sur le papier, le Front de gauche est qualifié pour être présent au second tour dans les 15 des 19 circonscriptions où il avait un‐e député‐e sortant-e ; mais il est devancé par un candidat socialiste dans 6 d’entre elles. Ses candidats sont qualifiés pour le 17 juin dans 4 circonscriptions où il n’était pas sortant. Pour chacune de ces circonscriptions, voici les scores des 4 premiers candidats (souligné : les qualifiés pour le second tour, sans prise en compte des désistements ; une * pour les circonscriptions avec un sortant Front de gauche).
Paris et la petite couronne :
Plusieurs des députés sortants du front de gauche sont devancés par les candidats socialistes. C'est le cas dans les Hauts-de-Seine de Roland Muzeau (PCF) et Marie-Hélène Amiable (PCF), en Seine-Saint-Denis, de Jean-Pierre Brard (apparenté PCF), Patrick Braouezec (FASE). Idem à Paris pour Martine Billard (PG) et dans le Val-de-Marne pour Pierre Gosnat (PCF).
Sur la 11e circonscription de Seine-Saint-Denis, François Asensi (FASE) obtient 35,6%, devançant largement Stéphane Gatignon (25,2%), malgré l'alliance du PS et de EELV pour le battre.
Sur la 4e circonscription des Hauts-de-Seine, Jacqueline Fraysse obtient près de 30% des voix. Elle sera opposée à la droite au second tour.
Dans certaines circonscriptions où deux candidats de gauche sont arrivés en tête et peuvent seuls se maintenir, les désistements de part et d'autres 5PCF, PS, EELV) ne sont pas certains.
À suivre.
Métropole (hors Ile-de-France) :
Parmi les 19 sortants membres du groupe à l'Assemblée nationale, 10 venaient de circonscription de province. Seuls 6 candidats sur ces circonscriptions semblent en situation de gagner le 17 juin.
Après le score du Front de gauche et de Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle (11,1 %), ce premier tour des législatives 2012 sera vécu comme un terrible échec, comme si la dynamique naissante, mais fragile, avait d’un coup suspendu son vol.
Est-ce à dire qu’elle n’a pas existé, cette dynamique ? On ne peut pas le croire, si l’on se remémore aussi bien les rassemblements auxquels elle a donné lieu que les discussions qu’elle a nourries, dans la plupart des milieux, et les thèmes qu’elle a imposés dans le débat public. Oui, cette campagne a eu lieu, et elle a signifié qu’il existe bel et bien, en France, un espace possible pour une gauche d’alternative sociale, écologique et démocratique. N’oublions pas, d’ailleurs, qu’un tel espace se remet aussi à exister dans bien d’autres pays de l’Union européenne. Nous verrons ce qu’il en sera en Grèce dimanche prochain, dans les circonstances dra matiques que l’on sait.
Cependant, quels ont été les messages du Front de gauche, ces dernières semaines ? Et d’abord, y a-t‐il eu un message du Front de gauche, une campagne nationale, pour ces législatives ? Chaque candidat a bien sûr tenté de tirer parti de la campagne qui venait d’avoir lieu (avec, peut-être, parfois, un excès de confiance ?). Mais nous en sommes sûrs maintenant, il n’y avait aucune automaticité entre la presidentielle et les législatives.
Force est de constater que les thèmes mis en avant pendant des mois, qui différenciaient nettement le Front de gauche du Parti socialiste sont passés au second plan ces dernières semaines, au profit de la course au rassemblement de “toute la gauche”. On en comprend bien sûr la logique : incarner le vote utile à gauche, pour mordre sur l’électorat socialiste. Sauf que la nécessité de voter Front de gauche risquait ainsi d’être gommée. En résumé : à quoi bon voter pour ces candidats-‐là si d’autres promettent en définitive à peu près la même chose en prévoyant d’être le groupe efficace pour mettre en œuvre la politique du nouveau Président de la République ?
Dans le même sens, à Cerises, nous avions constaté dans nos dossiers récents que la question du sens général du vote Front de gauche était marginalisée, et que la question du rôle des élus n’était pour ainsi dire pas traitée, au profit de contenus très programmatiques, sur lesquels les différences sautent peu aux yeux des électeurs (même lorsqu’elles sont substantielles).
Enfin, avec la candidature de Jean-‐Luc Mélenchon face à Marine Le Pen (qui avait bien sûr ses arguments), la campagne a aussi de fait été polarisée sur la lutte contre le Front national, au détriment du débat central qui a fait et qui peut faire la force du Front de gauche : l’alternative plutôt que l’alternance, une autre conception de la société plutôt que la gestion des effets sociaux des politiques libérales.
Après le succès de la présidentielle et l’échec de ses législatives, le Front de gauche est au pied du mur. Il doit se transformer en profondeur, s’ouvrir enfin à la participation directe des citoyens, se structurer dans la durée en engageant un travail d’aggiornamento idéologique qui fait trop défaut désormais pour qu’il puisse espérer continuer tel qu’il est. Surtout, il doit enfin aborder les questions éludées de la conception de la politique : une dynamique citoyenne ne pourra s’enraciner qu’en renouvelant en profondeur les formes et le fond de la politique... au-delà des apparences.
* Gilles Alfonsi