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Billet de blog 14 janvier 2013

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De la fuite comme art royal de la mondialisation heureuse

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La fuite du roi, dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, repris à Varennes, a scellé le sort de la monarchie. Elle pouvait devenir un régime constitutionnel, mais la collusion du roi avec les nobles émigrés et les royaumes voisins orienta son pouvoir sacré vers la décollation. Le couperet de la guillotine trancha le lien sacré entre le pouvoir du roi et Dieu, non parce qu’il fut monarque, mais parce que l’homme Capet complota contre la république avec les puissances féodales étrangères.

C’est que la surveillance du peuple, à cette époque révolutionnaire, n’était pas un vain mot.

Aujourd’hui ?… Roms de Roumanie ou de Bulgarie, Afghans, crève-la-faim de tous pays se retrouvent dans ces centres de rétention dont la Cimade, en 2010, a établi la sinistre cartographie. Pas moins de 60 000 immigrés de dizaines de nationalités, dont les femmes, les enfants et les bébés, sont retenus dans des endroits dignes des locaux pour garde à vue des commissariats de police. Des culs de basse fosse. Dont trois, sinistres, à deux pas du royal château de Vincennes.

Les jumelles à visée nocturne, les détecteurs de gaz carbonique exhalés par la respiration humaine, les bateaux rapides des polices d’immigration écument le détroit de Gibraltar, les eaux de Lampedusa. L’Europe de Schengen se couvre de barbelés, contrôlés par les commandos des polices des frontières, pour empêcher les migrations de la faim. Sangatte fermé, les aspirants immigrés se terrent dans des conditions infâmes pour notre pays. Et combien de chasses au faciès.

N’est-ce pas, « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde »…

Dans ce sens-là, les flux migratoires deviennent affaire d’Etat, et plus spécialement du ministère de l’Intérieur.

Dans l’autre ? L’émigration, nommée évasion fiscale, est un sport national pratiqué par ceux qui ne consentent pas à être de riches contribuables. Pourquoi se gêneraient-ils ? Nulle loi européenne n’unifie l’impôt. Les paradis fiscaux offrent leurs banques d’accueil, du grand Duché du Luxembourg en passant par Monaco, les îles anglo-normandes et la Confédération helvétique. Le dernier roi d’ancien régime fuyait, croyant défendre son trône, eux se carapatent pour sauvegarder leurs cassettes, leurs comptes à numéro et leurs louis d’or.


Accrocher une gamelle au saltimbanque entre deux alcools qui, naguère fut un acteur prometteur (et un Cyrano remarquable…) est d’une hypocrisie que le seul pouvoir médiatique pratique sans vergogne. Pas une banque qui ne possède son îlot secret dans les paradis fiscaux tout proches. Pas un possédant de haute volée qui n’accède sans coup férir à son jardin fiscal discret par delà les frontières nationales. C’est l’heure de la mondialisation heureuse, celle de la finance internationale, dont les transferts de capitaux s’effectuent à la vitesse numérique de la nanoseconde.

S’il est une leçon à tirer de cette pantomime pitoyable, c’est que l’évasion fiscale doit être la cible d’une politique radicale : récupérer les masses de capitaux en goguette, selon les chiffres fournis par le livre d’Antoine Peillon, suffirait à éponger la dette ! Gageons que si nous n’y veillons pas, les Douanes seront douces aux riches contribuables, et les Starquest-Pinces de la place Beauvau impitoyables aux miséreux.

Jean Gersin syndicaliste, 11 janvier 2013

Paru dans Cerises N° 165

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