Pour la dernière de l'émission "Vous trouvez ça normal ? ", Bruce Toussaint avait choisi d'inviter Miss France à la même table que Clémentine Autain et Audrey Pulvar. Consciente ou pas, cette mise en scène ne pouvait pas être uniquement due au hasard.
Des échanges qui ont suivi, bon nombre de spectateurs et de critiques n'ont retenu qu'une caricature : « procès télévisuel devant le tribunal populaire de la Gauche féministe », selon Bruno Roger-Petit (leplus.nouvelobs.com).
S'il était difficile, dans le format de cette émission, d'aller à l'encontre des 9 600 000 téléspectateurs qui ont regardé la finale du concours, d'autres faits méritaient d'être relevés.
Il y eut d'abord le dessin de Jul qui jouait sur l'anathème cagoulard des années 30 : « Autain : Miss Anti-France », même si, bien sûr, aucun des intervenants ne confirma cette appréciation. Par la suite et dans une veine plus soft, Guy Carlier avança pour argument à décharge : « Ça nous accompagne depuis toujours. C'est un peu franchouillard, mais bon... »
Ces propos interrogent, car on ne peut s'empêcher de remarquer que toutes les jeunes femmes sélectionnées pour participer au concours des Miss répondent aux mêmes canons de beauté de la publicité : jeunes femmes de type indo-européen, à la peau noire éventuellement, mais, de grâce, pas de nez épaté, de cheveux crépus ou de pommettes saillantes, etc. Miss France n'est pas un concours ouvert à toutes les Françaises et donne une image déformée de la France du XXIe siècle.
Passons sur ce pénible moment où les hommes attablés se disent certains que la Miss est capable de penser, mais prennent bien garde de la laisser dire, pour arriver à cette proposition de Jean-Jacques Bourdin : « Dites nous ce que vous voulez, que vous êtes contre le mariage pour tous ou autre chose ». Quel lien insoupçonné de l'auteur reliait Miss France au débat sur le mariage homosexuel ?
Exactement ce qu'avait dit Clémentine Autain dix minutes pus tôt : cette élection d'une Miss nationale est une manifestation surannée qui ne sert qu'à célébrer la France de Papy et le modèle patriarcal de la famille.
Ce n'était plus VTCN mais CQFD !
Gilles Boitte, 11 janvier 2013
Paru dans Cerises N° 165