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Billet de blog 16 novembre 2012

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Que diable allait-il faire dans cette galère ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Molière fait rire en répétant sept fois la réplique des Fourberies de Scapin. La huitième sera probablement pour les quelques élus PCF de Loire atlantique qui soutiennent encore le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les fédérations du Morbihan et de Vendée du PCF, par contre, s'activent et participeront à la manifestation du samedi 17 novembre.

PS et UMP s'en sont pris aux opposants du projet, désignant leur action comme celle de la régression et du déclin, du refus de concevoir que les idées de progrès puissent se conjuguer avec le développement durable du territoire. Développement du territoire ? Á 36 minutes de Nantes en TGV, l'aéroport d'Angers ne fonctionne qu'à 15 % de sa capacité. Et l'aéroport actuel de Nantes est loin d'être saturé.

Autre argument des pro NddL, les enjeux de sécurité, les nuisances sonores à Nantes. Là encore pschitt !

Les aéroports français sont classés en trois catégories par la Direction générale de l’aviation civile : C pour les aéroports à risque (Calvi), B pour les aéroports à particularités (relief, météo, environnement…) ou risque inhabituel (Clermont-Ferrand, Marseille, Nice, Strasbourg) et A pour ceux qui ne demandent pas d’attention particulière. Nantes Atlantique est en catégorie A, comme la majorité des aéroports français.

Néanmoins les paysans menacés d'expropriation, les militants de l'ACIPA (1), la Coordination des opposants à ce projet, le collectif des pilotes proposent la création d'une nouvelle piste réorientée qui supprimerait le survol des zones très urbaines.

Et le bruit ? Incommoderait-il plus d’habitants à Nantes qu'ailleurs, qu'il faille déplacer l'aéroport ? Les plans de gêne sonore, établis en vue d’aides à l’insonorisation, donnent le nombre des logements directement touchés par les nuisances aériennes : pour Nantes Atlantique 1 751 logements, pour Toulouse, qui accueille comme Nantes une usine Airbus, de 20 200 ! De surcroît la nuisance sonore régresse à Nantes, les avions sont de moins en moins bruyants et les plus anciens, plus vrombissants, sont déclassés. De plus, en 2003, on tablait sur 80 à 100 000 mouvements d'avion en 2010, on en reste aujourd’hui à environ 40 000, moins qu’en 2000 : les avions plus remplis décuplent le nombre de voyageurs mais pas la "nuisance sonore" !

Reste l'argument de l'aéroport vert. Au paradis du burlesque, Molière lui-même s'en tient les côtes. UMP, PS et autre libéraux font bruyamment semblant de croire aux arguments de Vinci qui propose, en compensation des 2 000 ha de terres agricoles détruits , la création d'un observatoire agricole, d'une ferme de démonstration en face des parkings et une AMAP afin d’« encourager l’agriculture durable », voire de végétaliser quelques parois du bâtiment...

Alors quels motifs poussent donc J.M. Ayrault à construire à l'encontre de la raison et de la majorité de la population ? Prestige, illusion de retombées économiques ? Plus simple : pacte libéral !

NDL intervient dans un vaste plan d’aménagement territorial porté par un "partenariat public-privé" assurant au groupe capitaliste Vinci une rentabilité de 11 %, compensée en cas de déficit par des fonds publics.

Mais 11 % sur un coût de projet approchant les 2 à 3 milliards d’euros (4 selon le Canard enchaîné). Ajoutons les conclusions d'une récente étude, commanditée auprès d'un cabinet indépendant par le collectif de 1 000 élu-e-s opposé-e-s au projet et de familles politiques diverses. Sa conclusion est sans appel : le projet ne se justifie pas économiquement : « En corrigeant la valeur extrêmement élevée donnée au temps et en tenant compte des projections sur le prix du pétrole et de l’introduction de l’aviation dans le marché européen des quotas d’émissions (ETS), les coûts d'un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes sont supérieurs aux bénéfices… Si, en outre, les coûts de construction sont 40 % plus élevés que prévu, ce qui est la moyenne des dépassements de coûts pour ces travaux d’infrastructures importantes, les coûts excèdent très largement les bénéfices. »

Pas de problèmes pour Vinci. Maintenant son projet, le Premier ministre assure les rentrées juteuses annoncées dont les montants manquent déjà aux financements des services publics et dont la justification nous est moulinée en boucle : "politique responsable", "coût du travail", "compétitivité", "charges patronales", etc.

Catherine Destom-Bottin, 16 novembre 2012

(1) Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport : http://acipa.free.fr

Article paru dans la rubrique "Cuisine alternative" de Cerises, n°159

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