Edito de Cerises n °146 - 5 juin 2012
Dur, ce premier tour d’élection pour les militants du Front de gauche. Jean-Luc Mélenchon perd son combat face à la fille Le Pen, le Front de gauche ne peut espérer au mieux que 10 députés (9 PCF et apparentés et un PG). Il perd 4,3% sur l'élection présidentielle considérée pourtant comme l’élection la plus difficile. Pour la première fois le score de la législative est moins bon que celui de la présidentielle.
Deux questions m’interpellent. Avons-nous pris toute la mesure des effets du quinquennat et de l’inversion du calendrier votés par l’Assemblée nationale en 2001 ? La législative est devenue une élection de second ordre, le taux record d’abstention le démontre. Pour nos concitoyens, le débat politique a eu lieu lors de l’élection présidentielle, le reste s’apparente à une question technique, celle de donner une majorité pour le Président élu. C'est la raison pour laquelle il est difficile de privilégier l'élection législative sur la présidentielle tant cette dernière guide tout.
Deuxième interpellation, le score de la législative inférieur au résultat de la présidentielle, comment pouvait-il en être autrement ? Lors de la présidentielle nous avions un Front de gauche qui s’ouvrait aux citoyens, à de nouvelles organisations dont la FASE. Une animation de campagne collégiale, un candidat excellent qui, tout en portant la radicalité, n’était pas issu d’une culture PCF, l’ensemble de ces éléments et d’autres ont contribué au bon résultat. Il en est allé différemment pour ce 1er tour d’élection législative ; 85% des candidats issus du PCF, une campagne menée le plus souvent dans un espace réduit, laissant sur la touche les immenses forces militantes mobilisées quelques semaines avant. Rien de surprenant qu’en l’absence de la plus-value qu’apporte la diversité, tout cela se termine par un score médiocre, légèrement supérieur à celui réalisé par le PCF en 2007.
Le vote Mélenchon du 22 avril n’a pas été capitalisé dimanche, il n’a pas pour autant disparu, les hommes et les femmes rassemblés constituent le ferment des résistances futures et de la recomposition d’une gauche anticapitaliste. Le Front de gauche a pour vocation de devenir majoritaire, il peut le devenir à la condition expresse qu’il ose s’ouvrir à toutes les forces, organisées ou pas, de la critique et de la transformation sociales, c’est à ce prix qu’il deviendra en France une idée neuve.
Le temps nous est compté. L’élection passée, la recomposition politique à droite va s’accélérer. Le FN ambitionne de devenir LA DROITE, et sur fond de crise économique et financière, l’affrontement entre le peuple et le capital aura bien lieu, d’où la nécessité d’un pôle de résistance et d’une force d’avenir.
* Bernard Calabuig