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Billet de blog 17 juin 2012

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Pour des maisons d'arts et d'éducation populaire

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous devrions tirer deux conclusions de cette phase électorale :
- le recul historique de la compréhension des enjeux politiques et de la conscience de notre force citoyenne. Ce recul s'accompagne d'une montée conjointe de l'abstention, de comportements consuméristes et d'un vote néo-fasciste.
- d'autre part monte le sentiment qu'une mobilisation construite autour de l'intelligence peut s'ancrer dans toutes les classes sociales et ouvrir ainsi la porte vers une nouvelle conception du moment électoral.
De nombreux verrous devront sauter pour passer de la délégation à l'émancipation citoyenne. L'un d'entre eux est l'inconscience collective de notre commune humanité. En d'autres termes, nous souffrons de ne pas connaître nos chaînes et surtout les plaisirs de les voir disparaître. Cet enjeu devient central pour passer à une nouvelle étape d'une démocratie sociale. Nous devons donc oeuvrer à multiplier les espaces où non seulement la compréhension citoyenne des dominations puisse grandir mais aussi où des expériences en actes du plaisir de construire en commun aient réellement lieu.
Le champ des arts et de l'éducation populaire sont pour moi le meilleur levier pour passer à l'acte. Je pense que nous pourrions par exemple aider à l'invention de maisons, de lieux qui puissent porter cette double volonté de faire circuler un savoir vivant sur notre société, nos entreprises, notre planète mais où l'on puisse être en prise avec la création et la pratique artistique. Ces lieux existent déjà pour certains. Ils doivent mêler proximité et qualité, bénévolat et professionalisme, le meilleur de la tradition militante et culturelle. Ces espaces sont en quelque sorte le chaînon manquant de la décentralisation culturelle. Ils pourraient permettre une présence permanente d'artistes sur des territoires, la multiplication de moments de confrontation populaire avec le temps de la création, un nouvel ancrage des artistes au coeur du monde. Ils seraient aussi les lieux proches et à taille humaine qui manquent souvent pour donner sens, au quotidien, aux actions du secteur dit "socio-culturel". Ils pourraient également devenir des lieux relais entre ces 3 missions trop longtemps scinder que sont la culture, l'école et l'éducation populaire.
La force de ce projet concret doit reposer sur une mobilisation locale qui puisse unir les militants associatifs, culturels mais aussi syndicaux et politiques. Sa force repose aussi dans son aspect réalisable : pas besoin de budgets pharaoniques, il faut mettre des énergies en commun (collectivités, artistes, ministères...).
Les militants d'une gauche de gauche devraient porter sans honte à l'échelle locale la fondation de telles maisons. Elles poseraient à leur manière des questions centrales au coeur de la vie citoyenne : comment partager la connaissance et l'accès à la vie artistique?  Où trouver les budgets pour leurs réalisations? Pourquoi diviser les temps et lieux de la vie associative, syndicale, artistique et politique ? Et enfin, pourquoi être humain si ce n'est pour le plaisir de la rencontre autour d'un moment de débat, de fête ou d'émotion poétique?
Peut-être une bonne méthode pour faire reculer la peur du voisin et avancer l'idée que la réalité puisse être transformée ?

 * Laurent Eyraud-Chaume

Paru dans Cerises n°146, rubrique "Cuisine alternative"

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