On célèbre en ce mois de janvier 2013 le cinquantenaire du traité de l'Elysée,que l'Histoire a légitimement retenu comme un acte de grande portée politique et symbolique. Une figure emblématique de la Résistance française à l'Allemagne nazie, le Général De Gaulle, et le Chancelier de la République fédérale, Adenauer, scellaient la réconciliation durable des deux pays. Ce geste était en quelque sorte la consécration d'une démarche dont s'étaient déjà prévalu, une dizaine d'années plus tôt, les initiateurs de la construction européenne autour de l'axe franco-allemand : "Plus jamais la guerre!"
Une analyse rigoureuse de la genèse de la "Communauté européenne" révèle, certes, des gènes moins généreux de cette aventure, en réalité, longtemps irriguée par l'esprit de guerre froide caractéristique de cette époque, sans oublier les motivations économiques dont témoignait la dénomination de "marché commun". En fait, « Ce n'est pas l'Europe qui a fait la paix ; c'est la paix qui a fait l'Europe » (Jean-Louis Bourlanges). Il n'empêche : cette assimilation de "l'Europe" à "la Paix" a longtemps contribué à assurer à l'Union européenne un affectio societatis appréciable. C'est ce capital précieux que les principaux dirigeants européens ont progressivement dilapidé au point de plonger aujourd'hui l'UE dans une crise de légitimité dont elle ne sortira qu'au prix d'une véritable refondation.
Créer les conditions d'un tel processus de ruptures et de transformations progressistes : telle est aujourd'hui la responsabilité historique de la gauche européenne. C'est un combat de classe du 21e siècle! Il passe par un travail citoyen et "de masse" ; des luttes de terrain et des batailles d'idées ; des actions rassembleuses sur le plan national et des initiatives convergentes ou communes à l'échelle européenne.
L'enjeu est de faire émerger l'exigence d'une tout autre finalité de l'Europe : protéger les peuples de l'UE contre les effets pervers de la mondialisation libérale ; user du poids d'une union de 500 millions de citoyens pour faire émerger de nouvelles règles dans les relations internationales ; promouvoir la démocratie, la coopération, les solutions politiques aux problèmes de notre époques... C'est désormais à la gauche fondamentalement critique vis-à-vis du modèle actuel qu'il revient de sauver l'idée européenne.
Francis Wurtz député honoraire du Parlement européen, 18 janvier 2013
Edito de Cerises N° 166