Nicolas Sarkozy a placé sa déclaration de candidature, sur TF1 bien sûr, sous le signe de la « France forte » et sous les auspices des « grands arbitrages » à effectuer directement par le peuple.
Nabotléon est d’ores et déjà déchu d’une quelconque crédibilité sur toutes les questions essentielles ? La seule solution est la fuite en avant pour conjurer son destin : pour que le peuple ne le dégage pas, il enjoint aux Français de « comprendre que si la France est forte, ils seront protégés ». En fait, il peut craindre que le peuple n’ait plus du tout envie de comprendre, ou qu’il l’ait tellement bien compris qu’il le hait.
Prompt à manier la pédagogie pour que le peuple soutienne l’absolue nécessité de continuer à lui confier le petit bouton rouge, le Président directeur général de la France n’en a pas pour autant annoncé la tenue d’un référendum sur le nouveau traité européen. Dommage, il aurait été piquant de l’entendre expliquer comment les recettes qui ont échoué depuis des années pourraient maintenant résoudre les problèmes. Plutôt que demander aux citoyens un « grand arbitrage » sur ce sujet, le chef de cuisine de l’UMP préfère patauger dans la marmite d’une consultation antisociale (sur les obligations des chômeurs), en dénonçant « l’assistanat ».
Malheureusement, François Hollande envisage lui aussi une ratification parlementaire du traité, qu’il prévoit d’avoir préalablement renégocié pour lui adjoindre un volet « croissance et emploi ». Lui seul veut (faire) croire qu'il obtiendra des résultats, tandis que ses conseillers et amis expliquent qu’il ne faut pas se faire d’illusions.
Nous voilà donc, avec le Front de gauche et Jean-Luc Mélenchon, à demander un référendum pour que le peuple décide. Pourvu que cette exigence s’empare des masses, comme disaient les communistes du temps où ils existaient(1) !
Prenons garde, maintenant, à ne pas considérer que le jeu de la présidentielle et - ne l’oublions pas ! - des législatives serait déjà fait. Coups tordus, démagogie, sursaut droitier… nul doute que Sarkozy-casse-toi-pauvre-con utilisera tous les stratagèmes pour se maintenir au pouvoir ou, sinon, pour limiter la casse à droite et savonner la planche pour les suivants.
Jusqu’au bout, notre problème est de donner du sens à notre « Sarkozy dégage ! » : le sens d’une exigence d’égalité sans laquelle une victoire de la gauche aurait le goût d’un plat raté (avant l’indigestion habituelle des lendemains qui déchantent).
Gilles Alfonsi
(1) Les communistes existent-ils ? Le candidat socialiste a beaucoup hésité sur ce sujet cette semaine. Il semble finalement que les communistes existent !