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Billet de blog 19 avril 2013

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L’affaire Cahuzac, dépasse de loin l’évènement. Elle vient s’ajouter au ressentiment largement partagé. "Tous les mêmes" est dû à l’expérience de l’alternance et à la désillusion devant l’accaparement des pouvoirs par une "élite". Il n’y a pas là que le risque populiste. Rarement le discours officiel et médiatique aura été si déconnecté de l’état d’esprit ambiant. Ressentiment aussi, ne nous le cachons pas, à l’égard de ceux qui jusqu’à présent font preuve d’impuissance. L‘exaspération est telle que même les faits divers sont marqués par des gens qui pètent les plombs. La confiance n’existe plus. Pas seulement envers le PS, la confiance tout court. Cahuzac est un tricheur, soit. Mais lorsque PSA cache que désormais sa première source de profits n’est plus l’industrie mais l’activité bancaire, il ne triche pas ? Lorsque le chef de l’État préconise des "efforts" et n’en demande pas aux actionnaires, il ne triche pas ? Lorsque l’on transforme le mot "surexploitation" en "compétitivité", on ne triche pas ? Toutes les astuces étant permises, la frontière entre légalité et illégalité devient perméable. L’image de la politique entre les mains des profiteurs éclate au grand jour. Symboliquement, la fonction  présidentielle et celle du gouvernement perdent de leur légitimité. Le caractère fictionnel de la démocratie représentative nous saute à la figure.

Deux possibilités en découlent : l’écœurement et la défiance envers toute démocratie ou, au contraire, un affaiblissement des principes d’autorité devant la communauté des bafoués et une nouvelle légitimité de l’opinion publique. Une course de vitesse est engagée entre ces deux possibles diamétralement opposés.

Une myriade de "petites" recherches d’une autre logique traverse luttes, débats, essais. Pour l’instant, elles restent marginales, mais le nouveau naît toujours dans les marges. Ces recherches, parfois contradictoires, sont toutes l’expression d’une aspiration à dégager une nouvelle autonomie populaire. Un enjeu s’en dégage : quelle force va correspondre à ce phénomène en lui ouvrant la possibilité de devenir action collective ? Qui va s’inscrire dans ce réel naissant et sortir des méthodes éculées ?

Les luttes doivent-elles continuer à réclamer auprès de ceux dont la fonction est d’être sourds ? Attention à l’usure et au découragement qui peuvent en découler. Comment toute lutte investit-elle explicitement la transformation de la société et dessine un nouvel espace public politique ? Concrètement, comment ne pas se plier aux règles et disputer pied à pied le pouvoir au capital ?  Les dirigeants ont failli, la légitimité revient au peuple. L’IVG a été obtenue quand des femmes et des médecins sont passés aux actes sans demander la permission. N’est-il pas temps de faire de la Révolution citoyenne un objectif ? Une 6e République ne se fera pas en la réclamant mais en inversant concrètement les rapports aux institutions : ce sont elles qui doivent obéir. Comme en 1936 et en 45. Tant qu’elles demeureront à l’abri de l’intervention directe des actions populaires, elles ne seront pas démocratiques.  "Prenez le pouvoir"ne peut rester un slogan électoral.

Plus facile à dire qu’à faire ? Raison de plus pour oser faire de toute actualité le point de départ d’une telle remise en question. N’attendons pas d’avoir réponse à tout pour nous  y engager ; c’est en avançant que l’on dégage l’horizon. Avant même de réussir, affronter le problème changera le rapport des forces.

Pierre Zarka, 19 avril 2013

Paru dans Cerises n° 176

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